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Réunion

Majik Glaces, les bâtonnets de la renommée

Dans leur atelier de Sainte-Marie, Sandrine et Stéphane Mamod fabriquent des glaces dont le succès ne tient pas seulement à l’originalité de leurs parfums. Leur marque, Majik Glaces, a su se faire un nom sur les réseaux sociaux.

Transformer les menaces en opportunités, ce n’est pas de la théorie, peuvent témoigner Sandrine et Stéphane Mamod. Le couple a su mettre en pratique ce précepte basique du management en cherchant à faire survivre leur activité de fabrication de glaces artisanales, quand la crise sanitaire a poussé les clients à se confiner.

Ils s’étaient lancés dans l’entreprise quatre ans plus tôt, pour épauler les parents de Sandrine, Indo-Pakistanais (Karana) de Madagascar venus s’installer à Rivière-des-Pluies pour en reprendre la station-service en 2014 après un long parcours en Métropole. Se souvenant des glaces délicieuses qu’il fabriquait avec sa mère, à Tuléar, Majid, le père, était parti se former en Italie quelque temps plus tôt et lance Majik Glaces en 2015. Elles sont d’abord vendues dans la station-service avant que Majid ne trouve un local commercial à Saint-Denis, rue Juliette-Dodu, près de La Poste. En 2016, Sandrine vient en vacances à La Réunion avec Stéphane, son époux. Ils ont de bonnes situations en Métropole, lui dans la finance, elle dans le web marketing, mais veulent changer de vie. C’est décidé, ils reprennent Majik Glaces, « en poussant le plus loin possible le concept de glace pour tous voulu par mon père : des produits sans œufs, sans gélatine, ni gluten ni alcool, sans lait pour les végans, à la stévia pour les diabétiques… ».

Les glaces artisanales trouvent leur public, aussi grâce à l’originalité des goûts proposés : mangue verte et ananas au piment, tamarin, pitaya… Leur offre se décline bientôt en petits pots, en bâtonnets. Fin 2018, la crise des Gilets jaunes est une première alerte : le commerce est aussi tributaire d’un contexte que le commerçant est loin de maîtriser. En mars 2020, la crise sanitaire et le confinement plongent un peu plus Majik Glaces dans le doute, le spectre de la fermeture se profile. C’est alors que Sandrine mobilise ses connaissances dans le Community Management et développe une offre de commande sur les réseaux sociaux et un système de points de retrait et de livraison chez les particuliers. « Nous avons réussi notre pari, résume-t-elle. Nous sommes sur FaceBook, Instagram, LinkedIn, Tik-Tok, nous communiquons en permanence sur WhatsApp. Aujourd’hui, une personne de Salazie peut demander nos glaces à sa boutique de proximité, qui nous contacte et se fait livrer par notre commercial. »

Outre les deux gérants, Majik Glaces compte cinq salariés. Le magasin de la rue Juliette-Dodu a retrouvé sa clientèle et dans sa station-service de Rivière-des-Pluies, Majid ne regrette pas de s’être souvenu des recettes maternelles.

Les glaces artisanales trouvent leur public, aussi grâce à l’originalité des goûts proposés : mangue verte et ananas au piment, tamarin, pitaya… ©Droits réservés

Écosystème de l’innovation : Majik Glaces bénéficie actuellement d’un accompagnement par l’agence régionale de développement Nexa pour réduire sa production de déchets et s’inscrire dans une démarche d’économie circulaire. Nexa est une des composantes de l’écosystème réunionnais de l’innovation, dont une grande partie se concentre sur l’Est dionysien. À commencer par l’Université et la Technopole. En deux décennies, l’incubateur de la Technopole a fait émerger plus d’une centaine de projets et une soixantaine d’entreprises. Le pôle de compétitivité Qualitropic, spécialisé dans les thématiques variées de la bioéconomie tropicale, sélectionne également des projets pour les accompagner, en lien avec les ressources scientifiques locales. Le Centre de recherche d’innovation et de transfert de technologies (Critt) de la CCI Réunion apporte sa contribution à l’innovation dans les entreprises réunionnaises, notamment agroalimentaires et, depuis peu, à quelques dizaines de mètres de là, le Village by CA offre un début de parcours résidentiel aux jeunes pousses « pays ». Les innovateurs réunionnais s’appuient sur une panoplie d’aides locales, mais surtout nationales et européennes, à travers les mesures du Fonds européen de développement régional (Feder).

  • Bernard Grollier

    Diplômé en sciences politiques et en journalisme, en activité à La Réunion depuis 1987. Journaliste indépendant et polyvalent, auteur des textes de livres consacrés à La Réunion et aux îles de l’océan Indien. Bon connaisseur du tissu économique réunionnais, centres d’intérêt variés.

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