MICHAËL PICCIOLONI DIRIGEANT DE GLOBAL TRANSFERT : La réussite du Petit Poucet
Face aux géants mondiaux, l’entreprise familiale niçoise Global Transfert fait mieux que tirer son épingle du jeu sur le marché du transfert de fonds entre les îles de l’océan Indien. Rencontre avec son dirigeant, Michaël Piccioloni.
La crise sanitaire a malgré tout été bénéfique à certains secteurs d’activité. C’est le cas du transfert de fonds, dopé par la fermeture des frontières et l’interruption des liaisons aériennes. Présent à La Réunion et dans l’océan Indien depuis 2016, Global Tranfert ne s’en plaint pas, même si la croissance de ce marché, délaissé par les banques traditionnelles, attise la concurrence. Ria Money Transfer, un des opérateurs importants du secteur, vient ainsi de s’implanter sur l’île où sont déjà très actifs le vétéran Western Union et Moneygram, autre géant mondial. « Nous faisons vraiment figure d’exception dans ce paysage », soulignait lors de son dernier passage dans l’île Michaël Piccioloni, 42 ans, président du directoire de la Banque Niçoise de Crédit (BNC), maison- mère de Global Transfer.
« Les marchés ne sont pas extensibles »
Et pour cause. BNC est une PME niçoise (voir encadré), qui se frotte à des leaders d’envergure planétaire, à l’histoire parfois séculaire : celle de Western Union a commencé pendant la conquête de l’Ouest américain ! « Notre parti pris est de nous spécialiser sur des marchés de niche et des corridors, poursuit Michaël Piccioloni. Après les Antilles, nous sommes arrivés dans l’océan Indien en ciblant surtout le marché entre La Réunion, Madagascar et les Comores, même si une vingtaine de pays sont accessibles via notre réseau. »
La réussite de l’implantation de Global Transfert est le fruit d’un intense travail de terrain effectué par Valérie Hossen, responsable océan Indien. « Il faut sélectionner les commerçants partenaires, qui encaissent le cash des expéditeurs – 150 à 200 euros par opération en moyenne – et réalisent le transfert via une plate-forme web vers nos partenaires des pays de destination, explique-t-elle. Nous leur apportons un complément de revenu, parfois non négligeable. Au début, nous avons également dû nous faire connaître des diasporas, nous travaillons maintenant à conserver leur confiance ». Animations, sponsorings et distribution de flyers font vivre la marque, notamment auprès des Comoriens et des Malgaches de l’île et d’une quarantaine de points de transfert dans toutes les communes (sauf Cilaos).
« Les marchés ne sont pas extensibles, nous allons toucher le plafond un jour, analyse Michaël Piccioloni. De tous les opérateurs, sur Madagascar et les Comores, nous avons le meilleur réseau et nous continuons à labourer le terrain, même si la crise sanitaire a perturbé nos plans. Nous cherchons maintenant à nous implanter sur de nouveaux corridors, notamment entre La Réunion et Maurice. »
La Banque Niçoise de Crédit (BNC), créatrice et propriétaire de la marque Global Transfert, a été créée en 1955 par le grand-père de Michaël Piccioloni. Établissement bancaire classique, la BNC se diversifie à partir de 1974 en devenant le « grossiste » des très nombreux bureaux de change de la Côte d’Azur. Au début des années 1990, elle rachète une entreprise de bureau de change aux Antilles. Le change manuel devient son métier principal quand elle cède son activité bancaire. BNC accroît rapidement sa présence dans les Antilles françaises et en Guyane. Fin 2009, la première Directive européenne sur les services de paiement (DSP 1) est transposée en droit français. Elle ouvre la porte à une certaine libéralisation du marché du transfert de fonds, même si ce dernier reste extrêmement réglementé. En 2010, l’entreprise niçoise – dont Michaël Piccioloni devient président du directoire – reçoit l’agrément de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), chargée de la surveillance des établissements bancaires, et crée Global Transfert pour développer le transfert d’argent aux Antilles et en Guyane. Le succès est immédiat. Fort de cette réussite, Global Transfert s’implante dans l’océan Indien en 2016.