Moi vouloir toit !
Avant d’entrer dans le vif du sujet, voici quelques nouvelles qui confirment que l’Occident (je dis bien l’Occident et non le monde) est atteint de russophobie primaire. Et quand je dis l’Occident, il s’agit en fait de quelques notables de la gauche caviar, des bourgeois bohèmes et des journalistes de la presse à pensée unique qui avait déjà perdu beaucoup du peu de crédibilité qu’il lui restait lors de la crise de la covid-19. C’est d’autant plus ridicule que ces « russophobes » étaient pour certains, dans le passé, des communistes. Donc plutôt proches de l’URSS.
Peut-on croire Joe Biden ?
En avril, on a appris que la National Gallery de Londres avait rebaptisé Les Danseuses russes du peintre Degas, un tableau de 1899, en Danseuses ukrainiennes. Voilà maintenant Charlotte Gainsbourg qui déclare au magazine Télérama, dans un entretien sur son dernier film, Les Passagers de la nuit : « J’ai découvert que mes origines juives russes sont ukrainiennes ». C’est évidemment cette citation, un peu hors du sujet, que le magazine bien-pensant a choisi comme titre de l’article. Nous savons maintenant que la Russie n’existe plus, qu’elle n’a même jamais existé. On pourrait rire de ces infantilités si le contexte général n’était pas aussi peinant. Un contexte où l’on voit surgir de partout des géopolitologues autoproclamés comme on avait vu pulluler les épidémiologistes quand la covid-19 dominait l’actualité.
Le site internet du très sérieux quotidien économique Les Échos, dans un article du 23 mai, voit dans les déclarations de Joe Biden au Japon la fin d’une « ambiguïté stratégique ». Tout ça parce que le président américain a déclaré que « l’armée américaine interviendrait si la Chine attaquait Taïwan ». Mais que pouvait- il dire d’autre en présence du Premier ministre japonais et face à la presse ? Pouvait-il se permettre de dire qu’il ne lèverait pas le petit doigt ? Ce genre de déclaration, c’est comme les promesses électorales, ça n’engage que ceux qui les croient. Et il n’y a pas lieu d’en tirer une analyse géopolitique. On peut juste dire que le monde est désormais, et pour longtemps, multipolaire…
Logement et « Gilets jaunes »
Mais venons-en maintenant à un sujet tout aussi préoccupant et qui pourrait, selon Pascal Boulanger, président de la Fédération française des promoteurs immobiliers générer une nouvelle crise de type « Gilets jaunes » : celui du logement. Nous aurons l’occasion d’ailleurs de publier dans notre prochain numéro l’entretien qu’il nous a accordé. On ne construit pas assez parce que les « élus ont du mal à signer les permis » et que les promoteurs attendent d’y voir plus clair sur leurs coûts de revient. Car, sous l’effet des crises de la covid-19 et de la guerre en Ukraine, les coûts des matériaux sont en train d’exploser. Pour une bonne part des populations du monde, l’accès à la propriété est un rêve inaccessible. Et même la location d’un logement décent devient difficile. Or la propriété de son logement est un puissant facteur d’intégration sociale. De quoi se demander pourquoi il a été le grand absent de la campagne présidentielle en France ? Alors qu’il faudrait un ministère du Logement à part entière, on évoque un éventuel secrétariat d’État qui serait créé après les Législatives.
Dans nos îles de l’océan Indien où, à l’exception de Maurice, la pression démographique reste forte, l’offre ne satisfait pas la demande. Sans aucun doute, il faut changer de paradigme, simplifier les procédures, adapter des normes parfois trop contraignantes et coûteuses, assouplir les critères d’attribution d’un prêt à l’accession (en mettant en place des fonds de garantie), revoir les procédés de construction, innover dans de nouveaux matériaux, notamment dans le cadre de l’économie circulaire, mais aussi trouver des sources d’approvisionnement plus proches. Pour le logement social, on peut imaginer la livraison de logements semi-finis, achevés par les acquéreurs en activant des solidarités communautaires qui existaient avant que l’individualisme ne commence à s’imposer. Quand on parle d’innovation, on pense souvent à la technologie, mais son champ est beaucoup plus large.
Des verrous à faire sauter
Il est temps que la coopération régionale fonctionne en misant sur la complémentarité et la mutualisation. On sait par exemple qu’une unité de production de ciment n’est vraiment rentable qu’à partir d’un million de tonnes. Impossible de la rentabiliser à l’échelle d’une seule île. Par conséquent, il faudrait la dédier à plusieurs îles. Ce modèle de mutualisation peut s’appliquer à d’autres secteurs d’activité. Mais il n’est pas facile de faire sauter les « verrous ». Les plus durs à faire sauter sont d’ailleurs les « verrous culturels ».