Proparco affiche ses ambitions à l’occasion de ses 40 ans
Pour l’Afrique australe et les îles de l’océan Indien, c’est à Johannesburg, le 26 octobre, que la filiale de l’AFD a fêté son anniversaire. Proparco entend doubler, d’ici à 2020, ses engagements au service du secteur privé et du développement durable.
Il y avait du beau monde, ce 26 octobre, dans la très baroque Summer Place, à Johannesburg, où le bureau régional, dirigé par Denis Sireyjol, fêtait les 40 ans de Proparco. Banquiers, gestionnaires de fonds, dirigeants de groupe et de PME étaient invités à découvrir le plan stratégique de la filiale de l’Agence française de développement pour la période 2017-2020. Côté mauricien, Jean-Claude Béga, Group Head of Financial Services & Business Development au sein du groupe IBL, et Jean-Pierre Dalais, CEO du groupe Ciel, étaient de la partie. Jean-Pierre Dalais intervenait même comme orateur. L’occasion de présenter l’île Maurice et son groupe familial qui compte Proparco dans son capital. Pour sa part, l’ambassadeur de France en Afrique du Sud, Christophe Farnaud, saluait le secteur privé : « Le futur est entre vos mains. » Il insistait sur les risques et les opportunités que comporte la mondialisation pour l’Afrique.
FINANCER ET ACCOMPAGNER
Amaury Mulliez, directeur général délégué de Proparco, exposait les ambitions de l’institution financière au service du secteur privé et du développement durable. Avec six objectifs d’impacts bien précis (voir notre encadré à ce sujet). Ces ambitions se concentrent pour une bonne part sur l’Afrique où elle dispose de 6 bureaux sur un total de 11 dans le monde. Pas moins de 2,7 milliards d’euros devraient être consacrés à ce continent sur un total de 6,9 milliards d’euros. En comparaison, sur la période précédente, c’était 2 milliards d’euros. En complémentarité avec les banques locales ou internationales, Proparco intervient aux conditions du marché, en euro, en dollar américain ou en monnaie locale. Elle propose trois catégories de produits financiers : des prêts à long terme de 3 à 100 millions d’euros, des fonds propres (prises de participation, prêts subordonnés ou participatifs, comptes courants, obligations…) et des garanties de solvabilité ou de liquidité à travers différents produits financiers. L’institution financière améliore son ingénierie financière et souhaite innover dans ce domaine pour mieux coller aux besoins du secteur privé. Mais il ne s’agit pas que de financement. Proparco souhaite aussi accompagner ses clients pour améliorer leurs performances environnementales et sociales.
Globalement, en Afrique comme en Asie et en Amérique latine, des objectifs d’impact sur le développement durable ont été arrêtés d’ici à 2020 :
– Susciter la création de 1,7 million d’emplois direct et indirects ;
– Contribuer à l’économie de 15 millions de tonnes de CO2 ;
– Intervenir dans les biens et services essentiels (éducation et santé notamment) au profit de 12 millions de personnes ;
– Accompagner des modèles économiques innovants (45 projets annuels) ;
– Accompagner 180 entreprises clientes, à travers une assistance technique, dans l’amélioration de leurs performances environnementales et sociales.
MERIDIAM GROS INVESTISSEUR EN AFRIQUE
Jean-François Marco (notre photo), Africa Senior Vice-President de Meridiam, a fait le déplacement à Johannesburg pour l’anniversaire de Proparco, intervenant comme orateur. Un signe de l’intérêt que cette société d’investissement porte désormais à l’Afrique. On la retrouve d’ailleurs au côté de Proparco, mais seulement dans des projets d’infrastructures. À Madagascar, elle est le principal actionnaire, à hauteur de 45%, dans le consortium chargé du développement des aéroports de Tananarive et de Nosy Be. Un investissement de plus de 30 millions d’euros pour Meridiam qui, au total, gère six fonds pour un total de 6 milliards d’euros. La société d’investissement a été créée en janvier 2006 par Thierry Déau, un Français originaire de Martinique et qui a acquis une longue expérience au sein d’EGIS, filiale de la Caisse des Dépôts. Après s’être concentré sur l’Europe, Meridiam s’implique de plus en plus en Afrique depuis deux ans. On lui doit déjà deux fermes solaires au Sénégal, dont la plus grande d’Afrique. En Ethiopie, l’investisseur s’intéresse à la géothermie avec un gigantesque projet de 500 MW qui se réalisera en plusieurs phases et représentera un total d’investissements de 1,5 milliard d’euros. Au Kenya, elle étudie, au côté de Vinci, un projet de 175 kilomètres d’autoroute et elle regarde actuellement du côté de la Tanzanie.
En matière de financement, la stratégie consiste à rechercher la complémentarité avec les banques commerciales ou à répondre à des besoins de financement non satisfaits. « En Afrique du Sud, les banques sont très performantes et s’impliquent dans des projets à long terme, souligne Denis Sireyjol, directeur du bureau régional. Nous nous concentrons sur des niches avec trois ou quatre opérations par an. Dans les technologies innovantes, notamment, où les banques se montrent plus frileuses. Il y a aussi des producteurs d’énergie sud-africains qui veulent aller en Afrique. « On amène également des relations d’affaires avec des opérateurs français privés », ajoute Amaury Mulliez, directeur général délégué de Proparco. Outre l’Afrique du Sud, le bureau régional est impliqué à Maurice (Bank One, Ciel, AfraAsia Bank) et étudie la possibilité d’accompagner des groupes mauriciens en Afrique, dans les secteurs prioritaires de Proparco (finance, dont micro-finance, infrastructures et en particulier énergie, santé, éducation, logement social et agro-industrie). À Madagascar, il y a eu l’accompagnement de la banque BNI en 2016 et plus récemment le gros dossier des aéroports. « D’autres dossiers devraient sortir début 2018 », précise Denis Sireyjol qui s’intéresse actuellement à la Zambie, « un pays dynamique », et regarde du côté du Zimbabwe, sachant que le Kenya et la Tanzanie dépendent du bureau de Nairobi. Au total, le bureau régional, qui est en charge de 13 pays, devrait avoir réalisé 165 millions de financements de projets en 2017.