RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE : Quatre boules de glace s’il vous plaît !
L’écrivain et journaliste mauricien Jean-Pierre Lenoir jette un regard narquois sur les débats enflammés entre « réchauffistes » et « climato-sceptiques ». Quoi qu’il en soit, dans l’hémisphère nord, les marchands de glaces font une très belle saison…
Depuis le début de l’été, dans l’hémisphère nord, on ne parle que de ça : les températures n’ont jamais été aussi chaudes que cette année. Des cartes météo rougeoyantes sur fond de flammes sont offertes aux téléspectateurs qui deviennent de plus en plus inquiets. Des témoignages parmi les plus démonstratifs sont publiés ici et là pour étayer ce réchauffement climatique dont ON nous dit qu’il est causé par l’irresponsabilité de l’homme (et de la femme bien sûr, pour ne pas faire preuve de ce sexisme dont on nous rebat les oreilles à longueur de lamentations genrées).
Cauchemars climatiques
Parmi tous ces témoignages catastrophistes, j’en ai retenu un parmi les meilleurs, qui tend à prouver ce réchauffement : celui du glacier d’une plage du sud de la France qui déclarait avec l’angoisse du climato-réchauffiste, mais avec le plaisir du commerçant comblé, que contrairement aux étés précédents, beaucoup de ses clients demandaient… quatre boules par cornet au lieu de deux. Ben voyons ! Comme aurait dit un célèbre politicien français. On dit même, mais ce n’est peut-être qu’une rumeur, qu’en Espagne, plus au sud, ce serait cinq ou six boules par cornet…
Bref, tout ça pour vous dire que, même si nous devons nous inquiéter du réchauffement climatique qui fait fondre les glaciers des pôles, monter le niveau des océans et peser sur notre existence quotidienne des interrogations anxiogènes, nous devons quand même essayer de comprendre ce qui se passe dans notre atmosphère avant de faire les pires cauchemars climatiques qui soient.
Le débat, on le sait déjà, a lieu entre deux écoles ; celle des « réchauffistes » d’une part, dont les scientifiques sont regroupés dans et autour du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), et les « climato-sceptiques » d’autre part, qui regroupent un nombre important de scientifiques. Les premiers affirment que ce sont les hommes, à travers leurs activités industrielles, qui sont la cause première de ce réchauffement, tandis que les deuxièmes suggèrent que l’homme n’est pas le principal responsable de ce réchauffement, mais que c’est surtout le soleil qui, à travers son activité cyclique tantôt chaude, tantôt « froide », et tantôt proche ou plus éloigné, réchauffe de façon cyclique le climat sur la terre.
Les travaux de Valentina Zharkarova
Le débat a pris depuis plusieurs années, vu la gravité du sujet, une tournure… enflammée, les enjeux économiques à la clé étant énormes. Chaque école travaille de son côté et publie dans les revues spécialisées les résultats de ses travaux. Les derniers développements dans ce domaine viennent du camp des climato-sceptiques qui, à travers les travaux de la brillante mathématicienne et astronome russe Valentina Zharkarova, donne une explication scientifiquement plus poussée du rôle du soleil dans le réchauffement climatique. Les travaux de la scientifique, publiés dans la très sérieuse revue britannique Nature, font état d’une compréhension plus étoffée du mécanisme des taches solaires.
Il y a deux cents ans, William Herschel (1738-1822), astronome allemand découvreur de la planète Uranus, attirait l’attention des gens sur la relation qui existait peut-être entre le nombre des taches solaires et le prix du blé en Angleterre et établissait la corrélation entre le climat parfois froid dû au nombre des taches solaires et les faibles récoltes. Observation purement agricole dans un monde où l’observation scientifique en était encore à ses balbutiements. Il fut aussi noté entre 1645 et 1715 un refroidissement des températures un peu partout en Europe, toujours lié à des taches solaires moins importantes, qui fit qualifier cette époque de « petit âge glaciaire ».
Les travaux de Valentina Zharkarova concernant les effets du magnétisme solaire sur les variations de température commencèrent à interpeller de plus en plus de spécialistes de la question. La scientifique, qui a une chaire de mathématiques et d’astronomie à l’Université de Northumbria en Angleterre, suggère d’abord que le soleil pourrait être doté d’un double moteur thermique. Le premier à la surface de l’astre, donc visible, et le deuxième, invisible, dans ses entrailles. Ces deux « dynamos autoexcitatrices » expliqueraient les cycles chauds et froids de l’astre solaire. Mais le plus important dans tout ça, c’est que les chercheurs ont réussi à modéliser de façon remarquable l’activité du cycle solaire basé essentiellement sur ses taches et ce après une longue période d’observation faite entre 1976 et 2008. La scientifique russe prévoit pour bientôt (2030) une baisse significative de la présence des taches solaires en question et donc un refroidissement des températures sur la terre, prouvant ainsi, si elle a raison, que l’homme ne serait pas le premier responsable de ce réchauffement.
Le camp des « réchauffistes » n’a pas tardé à répliquer à la publication de ces travaux en disant que l’un des leurs, Georg Feulner, avait publié en 2010 des travaux au sujet des taches solaires dont il minimisait l’importance en concluant que la diminution de l’activité solaire ferait baisser les températures de seulement 0,3 degrés et qu’elle serait compensée par les augmentations dues aux activités industrielles de l’homme… Autre axe récent de réflexion dans ce débat, la célèbre théorie de Milankovitch (mathématicien et astrophysicien serbe mort en 1958). Cette théorie, publiée l’année du décès du savant, revient dans l’actualité depuis quelques années et veut que « les variations saisonnières et latitudinales du rayonnement solaire frappent la terre de différentes manières à différents moments et ont alors un impact considérable sur l’évolution du climat ».
La palme à Sandrine Rousseau
Il y a quelques années, la NASA a admis que le changement climatique pouvait en partie seulement être expliqué par les changements d’orbite solaire de la terre, mais que ceux-ci n’expliquaient pas tout. Robert Simmons de la NASA déclarait quant à lui que ces changements d’axe de notre terre pouvaient l’amener de façon ponctuelle à cinq millions de kilomètres de distance en plus ou en moins du soleil. Ceci expliquerait donc cela…
Où se trouve la vérité dans ce débat complexe ? Le mieux, finalement, ce serait qu’elle se trouve à mi-chemin des deux théories. On pourrait ainsi arrêter de nous bassiner les oreilles avec une culpabilité que nous n’avons probablement pas de raison d’avoir et une nécessité pour nous de mieux respecter notre planète.
L’avenir nous dira sûrement qui a raison dans ce débat fondamental pour notre planète.
Souvent obsédés par l’idée d’avoir raison, les deux camps rivalisent parfois de déclarations n’ayant ni queue ni tête. La palme de ce mois-ci revient à la députée NUPES en France, la célèbre Sandrine Rousseau qui, probablement réchauffée par des relevés de températures faites par un satellite, a confondu la température prise au sol en Andalousie, dont on sait qu’elle est généralement de 15 ou 20 degrés supérieures à la température de l’air, pour annoncer avec une gravité de fin du monde qu’il faisait… 60 degrés dans cette province espagnole.
L’auteur : Jean-Pierre Lenoir est une grande figure de l’île Maurice. D’ascendance bretonne, constituée de marins et sans doute de corsaires, il est doté d’une belle plume et fait partie des écrivains qui comptent. Journaliste baroudeur et marchand de vin avec Eastern Trading, caviste créé par son père en 1952 et aujourd’hui dirigé par son fils, il a été le dernier rédacteur en chef du Cernéen, journal créé en 1832 et ayant cessé de paraître en 1982 parce que devenu politiquement incorrect. Jean-Pierre Lenoir a raconté dans La plume du corsaire (2001) cette aventure et son combat contre la fermeture du journal, l’un des deux plus anciens de langue française dans monde. Parmi ses derniers livres, on peut citer La Vallée des hippopotames (2015), préfacé par Bernard Lugan, qui relate l’histoire tragique des fermiers mauriciens en Rhodésie (devenue le Zimbabwe). Ses Récits de voyage à Saint-Brandon (2018) donnent le goût du large. Et plus récemment, Nom de code Castor (2022) nous fait découvrir de manière romancée l’île Maurice de 1942, sur fond de guerre et « d’espionnage sous les cocotiers ».