Recyclage des biodéchets : une longueur d’avance pour Proxicompost
Proxicompost propose une solution originale aux gros producteurs de biodéchets, à commencer par les grandes surfaces alimentaires et la restauration collective. Du compostage biomécanique « clés en main », sur site ou à proximité.
Les conteneurs de compostage de Proxicompost vont se multiplier à La Réunion dans les prochains mois. La société créée par Yann Waeffler séduit ses premiers clients, alors qu’approche l’échéance – 1er janvier 2024 – de l’obligation de tri à la source et de valorisation pour tous les producteurs de déchets d’origine végétale ou animale. Proxicompost met en œuvre un appareillage mis au point par le fabricant espagnol Kollvik : un composteur rotatif électromécanique capable d’affiner et d’assainir les déchets. L’ensemble du process est regroupé dans un conteneur pouvant être positionné au plus près de la source de résidus.
Yann Waeffler présente régulièrement l’appareil à ses visiteurs sur le site de son entreprise, à La Possession. Les biodéchets sont introduits dans une chambre de maturation, l’humidité qui s’en dégage est orientée vers des filtres en coco. L’absence de mauvaises odeurs et d’écoulements liquides est un des points forts de cet ensemble qui peut absorber huit à neuf tonnes par mois de déchets organiques – mais aussi huit tonnes de carton déchiqueté. Il produit du compost à la norme NFU 44051, amendement organique valorisable en maraîchage.
Proxicompost a signé en 2021 un premier contrat avec le magasin Leader Price de La Possession et s’apprête à faire de même avec de nouveaux clients : d’autres grandes surfaces, des cuisines centrales… Yann Waeffler, qui s’est formé pour devenir maître-composteur, est un spécialiste de la transformation des matières premières alimentaires.
Ingénieur Arts et Métiers, il a travaillé dans le café, le cacao et le manioc en Afrique, a fabriqué des chips pour Flodor et vendu des lignes de production de légumes de quatrième gamme dans divers pays européens. Cette dernière activité l’a amené à La Réunion, il y a près de vingt ans. Il a choisi de s’y établir, s’est investi dans la logistique de la distribution de produits frais et de plats cuisinés, jusqu’à sa découverte du compostage électromécanique.
« J’ai également importé des composteurs rotatifs manuels de déchets verts, ajoute Yann Waeffler, qui peuvent également recevoir des déchets organiques si on les calorifuge. Suite à ma rencontre avec Bertrand Lajus, qui cherche des solutions de recyclage des chauffe-eau solaires (voir L’Eco austral n°367), l’idée de fabriquer des composteurs rotatifs à partir des cuves de ces équipements a abouti. » L’initiative est soutenue par l’Ademe et la Casud, l’intercommunalité sudiste, a passé à Proxicompost une première commande de composteurs rotatifs, qui ont été positionnés dans des collèges au mois d’avril et le seront bientôt en pieds d’immeubles.
L’inventif entrepreneur pilote en parallèle une autre expérimentation : celle d’un séchoir de bananes fonctionnant à l’énergie solaire. La technique intéresse des producteurs locaux et Yann Waeffler actionne également ses réseaux africains pour proposer son séchoir dans plusieurs pays du continent.
Économie de la fonctionnalité : Yann Waeffler a appliqué au modèle de Proxicompost le modèle de l’économie de la fonctionnalité. « On ne vend pas des produits, mais des services, détaille-t-il, à l’image de Michelin qui ne vend plus des pneus mais des kilomètres parcourus. » Appliqué au compostage, ce principe évite au client d’investir dans un matériel onéreux. Il paye une prestation de service complète, commençant par le tri des résidus à la source et facturée au kilo de biodéchets traités. La signature de nouveaux contrats amène Proxicompost a grandir rapidement : son effectif de huit salariés devrait passer à une vingtaine d’ici la fin de l’année.