Eco Austral – Actualités économiques et entreprises de l'Océan Indien

n

Eco Austral - Actualités économiques et entreprises de l'Océan Indien

blc
Réunion

Réunion : Paul Martinel, professeur reconnu en entrepreneuriat

Le travail mené par le Pdg de la CILAM auprès des collégiens réunionnais est devenu un vrai projet pédagogique – avec d’autres patrons qui s’engagent – et il été distingué sur le plan national par la Société des membres de la Légion d’honneur (SMLH).

« L’idée, c’est de rapprocher l’école de l’entreprise. »
Paul Martinel s’est passionné pour ce projet mené en étroite concertation avec les chefs d’établissement et les enseignants. Et il prend un plaisir évident à côtoyer les collégiens des classes de troisième pour leur faire mieux comprendre la réalité d’une entreprise.
Rien de magistral dans son intervention, il s’agit plutôt d’un jeu de rôles qui les change de la routine habituelle. « On travaille par groupes de 15 élèves et l’on commence par parler de la plus petite entreprise qui soit, la famille, en mettant en situation un couple qui doit gérer des dépenses et des recettes… Puis on passe à un projet d’entreprise industrielle (qui veut fabriquer des desserts au chocolat) et chacun se voit attribué une fonction précise : directeur commercial, directeur industriel, responsable qualité, etc. »
Mais tout commence par une assemblée générale constitutive réunissant deux classes et dans laquelle chaque collégien est un actionnaire. Il s’agit déjà d’évaluer le marché. « On s’aperçoit alors que certains ne connaissent pas très bien la population de l’île. »
De même, des blocs de polystyrène permettent de comprendre la valeur ajoutée, le bénéfice et le déficit au sein d’une activité économique.

 

« ILS ADORENT ÇA »

 

L’assemblée élit 12 administrateurs qui vont définir la stratégie.
En somme, un vrai projet entrepreneurial qui, après quatre heures au collège, aboutira, deux mois plus tard, à la découverte de l’usine de la CILAM, leader des produits laitiers à La Réunion avec notamment la marque Yoplait. Une visite qui n’est pas une balade touristique puisqu’elle dure deux heures pendant lesquelles chaque collégien rencontre celui qui occupe la même fonction que celle qu’il occupe dans l’entreprise virtuelle. Un échange pour mieux comprendre son rôle.
« Ils adorent ça », commente Paul Martinel qui avoue aussi que cette expérience lui a beaucoup apporté depuis cinq ans. « J’ai vu un millier de collégiens et cela m’a permis de bâtir un module pédagogique qui permet aujourd’hui à d’autres chefs d’entreprise d’intervenir comme moi. »
Des formations ont été menées au préalable par le MEDEF et l’ADIR (Association pour le développement industriel de La Réunion, l’association des industriels). « Aujourd’hui, je peux compter sur dix chefs d’entreprise auxquels je conseille de travailler en binôme… Je leur dis toujours : partagez un peu vos talents ! Et il y a une grande satisfaction à constater des résultats étonnants dans des collèges réputés difficiles. »
D’ailleurs, les enseignants sont les premiers étonnés et certains se prennent au jeu, allant jusqu’à organiser des « révisions » durant les deux mois qui séparent la journée au collège et la visite de l’usine.
« Le plus beau des cadeaux, c’est de voir les yeux des enfants briller parce qu’ils ont compris. » Paul Martinel s’est passionné pour ce projet dont il est le pionnier et rêve de pouvoir toucher les 15 000 élèves de troisième (classe qui semble bien convenir au projet, avant l’entrée au lycée). Un rêve qui n’a rien d’utopique puisque d’autres patrons l’ont rejoint. L’objectif de 4 000 élèves par an paraît même tout à fait réalisable.
En tout cas, le projet, intitulé « La Réunion, envie d’entreprendre », a séduit au plan national la Société des membres de la Légion d’honneur (SMLH) dont fait partie Paul Martinel. Il est même arrivé quatrième parmi les trente projets sélectionnés dans le cadre du prix « L’honneur en action ».
Institué en 2010, ce prix vise à reconnaître le travail de certains titulaires de la Légion d’honneur qui ne veulent pas être de simples « décorés » mais des citoyens engagés au service de la société.