SANDRA AFICK, DIRECTRICE DE LA CONFÉDÉRATION DU TOURISME : « C’est 44 000 emplois directs et 300 000 emplois indirects qui sont affectés »
Structure représentative de tous les acteurs privés du secteur, la Confédération du tourisme, association à vocation économique, se pose en force de proposition afin d’amortir la chute du tourisme et de redresser la barre. Explications de Sandra Afick, sa directrice exécutive…
L’Éco austral : Quel bilan pouvez-vous dresser de la crise que traverse le tourisme ?
Sandra Afick : Le tourisme est l’un des secteurs les plus sinistrés. Sur nos principaux marchés émetteurs, l’Italie, La Réunion et la France ont respectivement enregistré des baisses de 62 %, 50 % et 36 %. La baisse sur la totalité de l'année est évaluée à 80 %, du fait d'une prolongation des mesures de confinement et de la fermeture des frontières. Le manque à gagner s’élève à plus de 475 millions d’euros pour les opérateurs, un touriste étranger dépensant en moyenne jusqu’à 2 000 euros. Des emplois se trouvent ainsi en péril sur toute la chaîne de valeur : 44 000 emplois directs et plus de 300 000 emplois indirects. Les groupes de population les plus vulnérables, tels que les femmes, les jeunes et les ruraux, sont les plus exposés.
Comment la Confédération gère-t-elle la situation ?
Nous apportons des solutions concrètes. Au niveau du secteur privé, la coopération avec les partenaires a permis de soulager la trésorerie des opérateurs touristiques, notamment avec l'association professionnelle des banques qui a accepté des différés de remboursement d'échéances pour les salariés et les entreprises. Certaines compagnies aériennes ont de même accepté le report de voyages avec des dates modifiables sans frais, sans réajustement tarifaire et sans conditions de saisonnalité, ainsi que le changement de destination. Et des opérateurs en télécommunications ont accepté d'être plus souples sur les annulations ou le changement d’offre tarifaire. Par ailleurs, des négociations avec l’État ont abouti à l’approbation de nos requêtes comme le report de la collecte de toutes les obligations fiscales sans pénalité et l'annulation des acomptes prévisionnels sur l’impôt sur les bénéfices des sociétés pour l'exercice 2020, le report des charges sociales et patronales, le soutien de l'État dans la négociation du report des échéances bancaires, un moratoire de paiement des factures d’énergie. La prise en charge du chômage technique pour les entreprises n'ayant pas d'autres choix ne nous a toutefois pas été accordée car l’État ne veut pas que le secteur privé pratique le chômage total.
Peut-on évoquer une relance ?
Pour 2020, nous cherchons à limiter les dégâts, mais oui, on peut parler de relance, d’autant plus que nous voulons miser sur une meilleure saison en 2021. En ce sens, nous avons intégré la task force du plan de mitigation pour la relance économique du pays initié par l’État afin de porter la voix du secteur privé. Pour faire face à la pandémie et répondre rapidement aux besoins, une importante mobilisation au sein de notre structure a permis d’identifier et de mettre à contribution des ressources de valeur au sein de la task force pour la conception du plan de mitigation. Bien qu’il n’ait pas la même chaîne de valeur que le tourisme international, le tourisme national fait partie des axes majeurs. La vision est de concevoir des offres attractives à la portée des Malgaches, comme des réductions appliquées sur des offres all inclusive et répertoriées sur un site dédié. La confédération a de plus élaboré son plan de mitigation qui fait état des besoins du secteur et met en relief des mesures sociales, économiques et financières qui vont fixer le regard sur l’horizon de la sortie de crise. Ces mesures visent par exemple au soutien des coûts liés à la protection du personnel, au soutien du transport aérien et au renforcement des capacité des métiers clés du secteur, à l’appui à la trésorerie des opérateurs pour le maintien de leur exploitation ou à un appui aux activités de promotion pour la relance des marchés prioritaires. La Confédération travaille à une « régulation interne ». Nous nous efforçons d’établir une collaboration entre fournisseurs et clients, entreprises et prestataires afin de régler les questions de passif et trouver des solutions entre privés.