Sapmer vend trois bateaux avant sa cession
Les quais du port de la Pointe-des-Galets bruissent de rumeurs au sujet de la vente de Sapmer, qui pourrait intervenir dans les prochaines semaines. Il fut question d’un fonds d’investissement spécialement constitué pour la reprise de l’armement, mais qui aurait jeté l’éponge. Ses quotas de légine et de langouste aiguisent bien sûr les appétits des autres armements opérant dans les eaux des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), mais aucun ne semble avoir assez d’envergure pour reprendre en bloc les cinq bateaux de Sapmer spécialisés dans ces pêcheries.
Via le mandataire à qui il a dû céder la conduite de ses affaires, Jacques de Chateauvieux a tout intérêt à éviter une vente « par appartement » et à trouver un repreneur global. Mais l’activité thonière, hyper concurrentielle, dans laquelle les armements ne sont pas en position de force face à leurs clients, a beaucoup moins d’attrait que la pêche australe. Raison pour laquelle Sapmer, mettant en avant les tracasseries venues des autorités de Maurice, a annoncé début novembre la vente de ses trois thoniers sous pavillon mauricien à une entreprise sud-américaine. La mariée est un peu plus belle : il ne va lui rester que trois thoniers, sur les neuf que comptait l’armement au plus fort de son aventure dans la pêche au thon, initiée en 2007.
Pour rappel, la mise en vente de Sapmer résulte du revers de fortune de Jacques de Chateauvieux dans le domaine des services maritimes. Son groupe Bourbon s’est effondré, laissant un milliard de dettes que sa holding familiale, Jaccar, doit s’efforcer de rembourser en vendant ses actifs dans le cadre d’une procédure de sauvegarde.
L’an passé, la cession des activités de transport de gaz (Evergas) a rapporté 700 millions de dollars. Pour que le compte y soit, il faudrait donc que la cession de Sapmer rapporte près de 300 millions d’euros. Un chiffre très au-delà de ce qui est imaginable. Même si l’armement se désendette progressivement et a renoué avec les bénéfices en 2022, sa dette financière nette s’élevait encore à 92,9 millions d’euros au terme du dernier exercice. De plus, sa flotte palangrière, tout comme L’Austral, son caseyeur à la langouste, approche de la limite d’âge. Le(s) repreneur(s) de Sapmer devront aussi se préparer à réinvestir.