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TICAD 7 : Quand Madagascar a les charmes de l’Afrique

Invitée spéciale du Premier ministre japonais à la TICAD 7, la Grande Île sait qu’elle a tout à gagner à la relation économique avec Tokyo. D’autant que les investisseurs nippons ne cachent pas leur ambition de faire de Madagascar une porte d’entrée vers l’Afrique.

« Attirer les investisseurs privés en Afrique », c’est l’objectif déclaré de cette septième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Tokyo International Conference on African Development – TICAD), qui se tiendra cette année à Yokohama, au Japon, du 28 au 30 août 2019. Trois jours dont compte profiter pleinement la forte délégation malgache – une vingtaine d’entreprises privées mais également des représentants du secteur public – afin de convaincre les investisseurs nippons (et d’ailleurs) des opportunités qu’offre aujourd’hui la Grande Île dans le cadre de la transformation économique initiée par le président Andry Rajoelina. 

Importance stratégique

Plus que les autres pays, Madagascar a tout à gagner à cette opération de charme. Les relations bilatérales, économiques notamment, sont au beau fixe depuis cinq ans, à telle enseigne que le Japon est devenu le troisième plus gros investisseur dans le pays. À titre d’exemple, les Japonais sont les actionnaires principaux – à hauteur de 47,7 % – du projet Ambatovy à travers le consortium Sumitomo Corporation. Cette exploitation minière de nickel et de cobalt est « un des plus gros projets que nous n’ayons jamais entrepris en Afrique », reconnaît sans peine Ichiro Ogasawara, l’ambassadeur nippon à Antananarivo. 
Le Japon se montre aussi actif dans les infrastructures malgaches. La JICA (Agence japonaise de coopération internationale) finance ainsi à hauteur de 411 millions de dollars, par un emprunt concessionnel sur 40 ans, les travaux d’extension du port de Toamasina (Tamatave) où passent 90 % du trafic international de marchandises dans le pays.
Pour autant, comparé aux autres pays du continent, Madagascar compte encore très peu d’entreprises japonaises. « Il reste encore beaucoup à faire et un vaste terrain est à explorer quant à la relation économique entre les deux pays », soulignait en février dernier l’envoyé spécial du Premier ministre japonais, Shizo Abe, venu remettre en mains propres au nouveau président malgache l’invitation à la TICAD 7. Pour le beaux yeux de la Grande Île ou de l’Afrique ? Pour le Japon, Madagascar a une autre vertu, celle de représenter aussi une porte d’entrée vers l’Afrique, et donc un pays à ménager.
On a vu ainsi ces dernières années l’arrivée de grandes firmes japonaises dans la Grande Île. Par exemple, l’entreprise Tokyo Sangyo Co. Ltd, filiale du groupe Mitsubishi, arrivée à Madagascar fin 2018 pour un partenariat commercial représentant un chiffre d’affaires annuel d’un milliard d’euros. Pour ces grandes sociétés, Madagascar est clairement le point d’appui recherché pour une expansion en Afrique continentale et elles sont prêtes à s’en donner les moyens.

Un dialogue politique de haut niveau
La Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) a été inaugurée en 1993 afin de promouvoir un dialogue politique de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs partenaires dans le domaine du développement. Les réunions sont organisées sous la houlette du Japon avec les Nations Unies, le Programme des Nations Unies pour le développement, la Banque mondiale et la Commission de l’Union africaine. Les TICAD ont eu lieu au Japon tous les cinq ans jusqu’en 2013. Depuis, le sommet est organisé tous les trois ans, à tour de rôle en Afrique et au Japon. Il est à noter que la TICAD VI s’était tenue à Nairobi, au Kenya, en 2016, marquant la première édition de la TICAD sur le sol africain.