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Madagascar

Tourisme : 500 000 visiteurs par an espérés d’ici 2020

Face à la vulnérabilité de la filière, les stratégies sont redéfinies dans l’espoir de donner enfin au tourisme l’essor qu’il recherche. Avec réalisme, le nombre annuel de touristes attendus pour 2020 est revu de moitié à la baisse.

Le Salon international du tourisme de Madagascar (31 mai-3 juin 2018) s’est soldé par un bilan plutôt positif. La septième édition a connu une hausse de fréquentation de l’ordre de 15 % par rapport à 2017 avec près de 13 000 visiteurs. Plus de 200 rencontres ont eu lieu lors des échanges B to B entre les opérateurs locaux et les tours-opérateurs étrangers. L’Afrique du Sud, un des plus grands pays émetteurs en Afrique avec 10 millions de touristes en 2017, a répondu présent en tant qu’invité d’honneur. Et pour l’édition 2019, ce sera l’Indonésie.

Annulation des réservations

Globalement, le secteur du tourisme demeure fragile car il ne s’est pas totalement relevé de la crise politique de 2009. Le budget public pour (re)développer la filière est très faible alors qu’elle se positionne au troisième rang des secteurs porteurs du pays. En termes d’arrivées touristiques et de rentrées de devises, l’élan enregistré en 2016 a été freiné en 2017. La Grande Île est en effet passée de plus de 293 000 arrivées à environ 255 000, soit une perte de 12 %. 
Au premier trimestre 2018, le taux d’annulation des réservations auprès des tours-opérateurs et des agences de voyages a atteint les 20 % selon la Confédération du tourisme de Madagascar. Les intempéries, l’indisponibilité des principales infrastructures routières, le flou dans les dessertes aériennes, l’insécurité, ainsi que l’épidémie de peste auraient notamment démotivé les estivants. Au cours du deuxième trimestre, en outre, le contexte socio-politique a été assez tendu. Même si certaines zones phares comme le massif de l'Isalo, Nosy Be et Morondava ont été épargnées, le pays a aujourd'hui besoin de solutions pérennes pour mettre le tourisme sur la voie de la croissance et du développement durable.

Ajustements des objectifs 

En attendant une stratégie intégrant le public et le privé pour développer la filière à long terme, les mesures et les objectifs ont été ajustés. Pour être plus réaliste, on mise désormais sur un nombre annuel de 500 000 touristes d’ici 2020 et un doublement du nombre d'emplois directs dans l'hôtellerie et les entreprises touristiques. Le volume des investissements, notamment dans les établissements haut de gamme, a d’ailleurs triplé dernièrement. De même, 322 autorisations d’ouverture ont été accordées en 2017, dont 71 hôtels, 67 restaurants et 85 établissements de voyage.
La Grande Île continuera à miser sur les marchés principaux en puisant dans les pays où l’on dépense le plus d’argent pour le tourisme. Dans cette optique, plus de 75 professionnels étrangers, dont des tours-opérateurs et agences de voyages de France, d'Allemagne, de Suisse et de Belgique, entament des éductours.
Le pays se focalisera sur l’écotourisme, un investissement qui se veut à la fois rentable et durable. Le tourisme a en effet généré des recettes annuelles de plus de deux millions d’euros pour les aires protégées au cours des huit dernières années. « C'est un levier efficace à la lutte contre la pauvreté à travers la participation de toutes les parties prenantes, particulièrement les communautés locales », fait valoir Guy Ramangason, directeur général de Madagascar National Parks. En partenariat avec les îles Vanille, le pays a ainsi intégré un programme de développement de l’écotourisme indianocéanique grâce à l’appui de l'Union des chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien (UCCIOI) et de l'Agence française de développement (AFD). Bref, le secteur touristique espère toujours son essor.