Tous ego devant nous-mêmes ?
Y a-t-il quelque chose de plus motivant dans la vie que de donner ou de se donner aux autres ? Je parle bien sûr de motivation profonde, celle qui nous comble de bien-être. Nous avons tous besoin finalement d’être utiles aux autres…
J’ai eu l’occasion d’accompagner dans ma carrière des personnes très riches, des milliardaires « profitant » de la vie à la façon de consommateurs effrénés. Mais ces personnes vivaient mal une sorte de vide qu’elles ne parvenaient pas à combler et étaient très motivées par le travail que je leur proposais sur leur vocation.
Le mot fait rêver. Je rencontre régulièrement des personnes qui aimeraient engager une recherche sur leur vocation, mais souvent elles ne passent pas à l’acte car elles estiment manquer de temps, d’argent, de volonté, de maturité… Il y a un contraste important entre l’intérêt naturel de chacun à travailler sur sa vocation et la pauvreté des moyens mis en œuvre pour passer à l’acte.
Parfois, aussi, la vocation est vue comme une chimère, une activité totalement déconnectée du monde économique. On retrouve là la traditionnelle opposition entre le monde réel et le monde rêvé comme si les deux ne pouvaient pas aller ensemble ! En fait, la vocation est un niveau d’énergie encore plus profond que celui des motivations et des talents de fond. Plus profond signifie générateur de plus d’énergie.
Pratiquer sa vocation, c’est donner ce qu’on a de meilleur, et ceci est une pratique qui n’est pas habituelle dans nos sociétés. L’intérêt égoïste reste la norme, nous travaillons la plupart du temps pour des raisons égotiques : l’argent, bien sûr, mais aussi la famille, la carrière, l'image sociale, etc. Bien rarement pour des raisons altruistes…
Or, décider de travailler sur son cheminement vocationnel signifie décider de fonctionner plus en harmonie avec soi-même, ce qui impacte aussi les relations qu’on a avec les autres, qui deviennent plus harmonieuses. Mener un tel cheminement n’est pas simple. Faire tout cela dans une civilisation occidentale marquée par l’égo-centrisme est presque une gageure.
Les modèles de vie transmis par la télévision, la publicité, les médias sont tous orientés vers l’égocentrisme. On nous somme de consommer, de suivre la pensée unique, d'avoir un comportement adapté pour faire carrière, et cela bien souvent au détriment de la quête de soi, de l’accord avec soi et les forces de la nature.
Altruisme et civilisation
L’être humain a-t-il toujours été ainsi guidé par ses tendances égotiques ? On nous parle de grandes civilisations antiques, aujourd’hui disparues, qui étaient en communion avec l'ordre naturel, le cosmos. La notion de civilisation est intéressante, elle se définit comme un ensemble de caractères communs aux sociétés les plus complexes. Les caractères communs, cela signifie que ce qui nous rassemble avec les autres l’emporte sur ce qui nous divise. On est dans l’altérité. Dans ce sens, la vocation est profondément civilisatrice : elle rassemble énormément dans la mesure où chaque vocation est altruiste et demande un travail qui, in fine, produit de beaux projets à forte utilité pour autrui !
Qu’on se rassure, cette utilité n’est pas découplée de la notion d’économie. Rappelons que l’économie est faite par l’Homme pour l’Homme, elle sert à pourvoir aux besoins de chaque homme. Ainsi, si demain nos besoins étaient davantage tournés vers l’alter, par exemple en pratiquant régulièrement le cheminement vocationnel de chacun dans les entreprises, gageons que nos besoins économiques seraient différents.
On dit que les petits ruisseaux font les grandes rivières, aussi commençons chacun à travailler sur notre propre vocation. À partir de là, nous pourrons à notre tour construire une civilisation digne de ce nom et en faire profiter nos enfants et petits-enfants !
Bernard Alvin est à la tête de son propre cabinet, Bernard Alvin Conseil, fondé en 1995 et spécialisé dans l’accompagnement des hommes dans le domaine du développement des potentiels. Bernard Alvin a « coaché » ses premiers cadres et dirigeants dès 1991, faisant figure de pionnier avant que n’arrive la mode du coaching. Cherchant à aller plus loin, il fera émerger le concept de « management vocationnel » à partir de 2005. Il a pratiqué son métier en France métropolitaine, dans les DOM-TOM et dans plusieurs pays dans le monde, dont le Brésil. Il intervient en effet en français, en anglais et en portugais.