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Trafic international : Plus de 1 000 lémuriens et tortues rapatriés de Thaïlande
Madagascar

Trafic international : Plus de 1 000 lémuriens et tortues rapatriés de Thaïlande

Pas moins de trois vols affrétés depuis Bangkok ont été nécessaires, début décembre, pour ramener à Madagascar les survivants d’une cargaison de 48 lémuriens et 1 076 tortues endémiques qui avait été saisie le 1er mai dernier dans le sud de la Thaïlande. Une opération spectaculaire présentée par la Wildlife Justice Commission comme la « plus grande saisie d’espèces sauvages jamais réalisée ». Informée de la présence de contrebandiers d’animaux entrés par l’Indonésie, la police thaïlandaise intercepte quatre véhicules dans un hôtel de la province de Chumphon. Six individus sont appréhendés et reconnaissent que leur chargement devait être transporté à Bangkok pour être ensuite dispersé vers Hong Kong, la Corée du Sud et Taïwan.

Plus de 160 spécimens ont péri pendant ce voyage, ce qui en dit long sur les conditions précaires dans lesquelles les trafiquants les placent, parqués pendant des semaines dans des caisses sur des bateaux. « La quantité saisie pointe fortement l’existence d’un réseau organisé et l’utilisation de la voie maritime pour faire sortir les animaux du territoire national », confirme Simon Rafanome-zantsoa de WWF Madagascar. La plupart finiront comme animaux de compagnie en Asie. Dans le lot des makis catta, reconnaissables à leur longue queue annelée noir et blanc, et des tortues radiées dont on estime que 15 000 spécimens sont illégalement chassés chaque année sur les côtes. « Il y a de grosses sommes en jeu, explique le ministre malgache de l’Environnement et du Développement durable, Max Andonirina Fontaine. Quand on parle des tortues, c’est plusieurs milliers de dollars ; quand on parle des lémuriens, c’est plusieurs dizaines de milliers de dollars. »

L’importance de la prise avait justifié son déplacement à Bangkok, en juin dernier, afin d’étudier les modalités de rapatriement de ces animaux protégés par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). L’occasion aussi pour le Pôle Anti-Corruption (PAC) malgache de collaborer à l’enquête initiée par le ministère de la Justice thaïlandais. Elle a permis à ce jour d’arrêter neuf complices à Madagascar, passibles d’une peine de six mois à dix ans d’emprisonnement. Un « groupe d’intervention international » a également été mis sur pied pour lutter de façon encore plus pérenne contre le trafic d’animaux à Madagascar : on y trouve un certain nombre de pays d’Asie du Sud-Est dont Taïwan, l’Indonésie et la Malaisie.