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Madagascar

Un fonds de garantie de 63 millions d’euros pour les énergies renouvelables

Madagascar devient le sixième pays, après le Bénin, le Burundi, le Malawi, l’Ouganda et la Zambie, à bénéficier de la Facilité régionale de soutien aux liquidités (RLSF). Un fonds de garantie permettant d’accompagner les producteurs d’électricité indépendants dans le développement du secteur de l’énergie.

Grâce à la Facilité régionale de soutien aux liquidités (Regional Liquidity Support Facility), une facilité de liquidité gérée par l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique (ACA), 63 millions d’euros vont pouvoir être débloqués pour soutenir les projets d’énergies renouvelables à Madagascar. On sait que le nouveau pouvoir exécutif ambitionne d’ici 2023 de doubler la production d’électricité et d’atteindre un taux d’accès de 50 %, contre 15 % actuellement. 
Un objectif qui peut sembler difficilement atteignable si l’on se réfère au lourd passif de la compagnie nationale d’eau et d’électricité (Jirama). En 2016, elle accuse un déficit de 57 millions d’euros, et en mars dernier, elle cumule des dettes s’élevant à 264 millions d’euros. Parvenir au taux d’électrification de 50 % nécessite donc des processus d’appels d’offres transparents, un cadre régulateur bien défini ainsi qu’un mécanisme d’incitation comme le Fonds national d’énergie durable.

Garantie de liquidités

La facilité régionale de soutien aux liquidités a précisément été conçue pour apporter une solution viable à l’un des défis majeurs auxquels sont confrontés les producteurs d’électricité indépendants qui opèrent en Afrique, c’est-à-dire l’exigence de fournir aux prêteurs une garantie de liquidités. Car si les initiatives privées en matière d’énergies renouvelables ne manquent pas (projets hydroélectriques, éoliens, solaires ou biomasse), les porteurs d’idées se retrouvent souvent bloqués à la phase de financement.
Financée à 50 % par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), la RLSF dispose ainsi d’une capacité initiale de 63 millions d’euros qui permettra de protéger les producteurs indépendants d’électricité contre les risques éventuels de retards de paiement de la Jirama. Concrètement, elle va fournir les garanties et couvertures nécessaires aux nouveaux projets d’énergies renouvelables de petites et moyennes dimensions, jusqu’à 50 mégawatts, voire 100 mégawatts. Les projets de taille moyenne sont en effet considérés comme une solution potentielle au déficit énergétique dont souffre le pays, car ils sont plus faciles à mettre en œuvre et capables de répondre aux besoins en énergie à la source. Néanmoins, de tels projets butent sur une difficulté majeure : l’absence de garanties nécessaires pour atteindre le bouclage financier. Les prêteurs exigent généralement ce type de garanties et de nombreux projets n’ont pas pu voir le jour du fait même de leur absence.
La RLSF espère remédier à cette situation en fournissant les liquidités nécessaires, en collaboration avec la banque émettrice de lettres de crédit, ABSA Bank Ltd, pour un montant équivalent à trois à six mois des revenus générés par le producteur indépendant. Ainsi, il pourra se maintenir à flot en cas de retards de paiement de la Jirama. Si le fonds ne concerne pas les passifs actuels de la Jirama, les 45 sites, dont les appels d’offres ont été lancés en janvier 2018, bénéficieront de ce dispositif. Cela se poursuivra avec 56 autres sites en dehors du réseau interconnecté d’Antananarivo.