Chine
Un grand amiral chinois en océan Indien ou les sept périples de Zheng He
C’était il y a 600 ans. Bien avant l’arrivée des Portugais, Hollandais, Anglais et Français. Pour fêter cet anniversaire, je vous propose une belle histoire chinoise bien à l’opposé de la « soupe froide » qu’on nous sert à tous les repas…
La Chine n’est pas née (contrairement à ce que nous pensons souvent) à l’avènement du communisme, après la « Longue Marche » menée par Mao dans les années 1930.
Pour faire pièce aux idées reçues, la Chine a une histoire, une culture, des traditions et de nombreux savoir-faire millénaires. Confucius et Lao Tseu inspirent les penseurs depuis 2 500 ans. Contrairement encore aux idées ancrées, la Chine (appelée autrefois l’Empire du Milieu) n’a pas toujours été repliée sur elle-même et seulement préoccupée par ses frontières terrestres.
Longtemps recluse et rétive à toute influence étrangère en raison de l’immobilisme de dirigeants usés, du dépeçage de l’Empire, initié entre autres par les puissances occidentales au XIXe siècle, et de sa crainte du monde moderne et industriel, la Chine d’aujourd’hui a vaincu toutes ses peurs, retrouvé sa puissance à l’intérieur de ses territoires et manifeste par toutes les façons son intérêt pour le monde extérieur et plante ses ambitions régionales et internationales. Y compris en océan Indien.
Pour faire pièce aux idées reçues, la Chine a une histoire, une culture, des traditions et de nombreux savoir-faire millénaires. Confucius et Lao Tseu inspirent les penseurs depuis 2 500 ans. Contrairement encore aux idées ancrées, la Chine (appelée autrefois l’Empire du Milieu) n’a pas toujours été repliée sur elle-même et seulement préoccupée par ses frontières terrestres.
Longtemps recluse et rétive à toute influence étrangère en raison de l’immobilisme de dirigeants usés, du dépeçage de l’Empire, initié entre autres par les puissances occidentales au XIXe siècle, et de sa crainte du monde moderne et industriel, la Chine d’aujourd’hui a vaincu toutes ses peurs, retrouvé sa puissance à l’intérieur de ses territoires et manifeste par toutes les façons son intérêt pour le monde extérieur et plante ses ambitions régionales et internationales. Y compris en océan Indien.
L’image que nous avons de la Chine est sans doute celle qui nous convient le mieux à nous Occidentaux, mais se situe à des années lumières de la réalité. Opposer l’Empire du Milieu à la Chine moderne n’a aucun sens. Penser qu’il y a une rupture (même idéologique) entre les dynasties de l’Empire et la Chine d’aujourd’hui est irréel et surtout faux ! La Chine est l’Empire du Milieu, assume son histoire millénaire et reprend sa place dans le concert des nations. Au premier rang. Celui qui fût toujours le sien pendant des siècles.
N’en déplaise aux partisans du monde bipolaire (Etats-Unis-URSS) qui, lui, s’est effondré au siècle dernier après seulement 50 ans d’histoire.
N’en déplaise aux partisans du monde bipolaire (Etats-Unis-URSS) qui, lui, s’est effondré au siècle dernier après seulement 50 ans d’histoire.
LA RECONQUÊTE EST LANCÉE
Il était une fois un seigneur de la guerre musulman, gouverneur du Yunnan, vaincu par l’empereur de Chine… Ce seigneur avait un fils qui, comme l’exigeait les lois de la guerre de l’époque, fut remis à l’empereur, castré à 13 ans et rééduqué pour être intégré en qualité d’eunuque à la cour impériale et devenir ensuite le plus grand amiral chinois de tous les temps…
L’histoire de Zheng He (puisque qu’il s’agit de lui) commence en 1371 et s’achève 62 ans plus tard, en 1433. Dès le début du XVe siècle, il se fait remarquer à la cour, est nommé grand eunuque impérial, puis grand amiral (lui qui ne connaît rien à la mer ni aux bateaux). À la demande successive de plusieurs empereurs Ming, il lancera pourtant, et avec succès, sept expéditions maritimes en océan Indien, de 1405 à 1433. Afin de bien préparer ses expéditions, il fonde un institut de langues étrangères à Nankin (qui a perdu son rang de capitale de l’Empire au profit de Pékin en 1409) et construit des vaisseaux si grands que les caravelles portugaises (qui suivront) ressemblent à des modèles réduits. La flotte chinoise compte alors jusqu’à 70 navires et 30 000 hommes d’équipage et militaires embarqués (selon les expéditions). Mais les explorations en océan Indien demeurent exclusivement pacifiques, il s’agit de découvrir de nouveaux horizons, de faire du commerce (porcelaines de Chine, thés et soieries en échange d’ivoire et d’animaux exotiques) et de nouer de nouvelles relations diplomatiques, comme celle entretenue en 1414 avec le sultan de Malindi (Kenya). Zheng He remonte la mer Rouge jusqu’à l’Egypte, aborde ensuite Ormuz, Mascate, Aden et Mogadiscio… Il descend les côtes de l’Afrique de l’Est jusqu’au Mozambique, navigue aux Maldives et pacifie au retour le détroit de Malacca, déjà infesté de pirates à l’époque. Les Chinois sont les inventeurs du gouvernail d’étambot, de la boussole et impriment déjà leurs cartes marines.
L’histoire de Zheng He (puisque qu’il s’agit de lui) commence en 1371 et s’achève 62 ans plus tard, en 1433. Dès le début du XVe siècle, il se fait remarquer à la cour, est nommé grand eunuque impérial, puis grand amiral (lui qui ne connaît rien à la mer ni aux bateaux). À la demande successive de plusieurs empereurs Ming, il lancera pourtant, et avec succès, sept expéditions maritimes en océan Indien, de 1405 à 1433. Afin de bien préparer ses expéditions, il fonde un institut de langues étrangères à Nankin (qui a perdu son rang de capitale de l’Empire au profit de Pékin en 1409) et construit des vaisseaux si grands que les caravelles portugaises (qui suivront) ressemblent à des modèles réduits. La flotte chinoise compte alors jusqu’à 70 navires et 30 000 hommes d’équipage et militaires embarqués (selon les expéditions). Mais les explorations en océan Indien demeurent exclusivement pacifiques, il s’agit de découvrir de nouveaux horizons, de faire du commerce (porcelaines de Chine, thés et soieries en échange d’ivoire et d’animaux exotiques) et de nouer de nouvelles relations diplomatiques, comme celle entretenue en 1414 avec le sultan de Malindi (Kenya). Zheng He remonte la mer Rouge jusqu’à l’Egypte, aborde ensuite Ormuz, Mascate, Aden et Mogadiscio… Il descend les côtes de l’Afrique de l’Est jusqu’au Mozambique, navigue aux Maldives et pacifie au retour le détroit de Malacca, déjà infesté de pirates à l’époque. Les Chinois sont les inventeurs du gouvernail d’étambot, de la boussole et impriment déjà leurs cartes marines.
À la grande différence des premiers explorateurs européens qui découvrent l’océan Indien près de 70 ans plus tard (et qui bénéficient des inventions chinoises et arabes pour cela), il n’y a pas de création de comptoirs, ni de colonisation, guerre de conquête ou autres possessions de territoires. Ce qui fit dire à Wu Jiammin, ambassadeur de Chine en France en 2005 : « Il y a 600 ans, à l’époque de Zheng He, la Chine était la première puissance du monde sur le plan militaire, scientifique, culturel et enfin économique. Pourtant, les Chinois n’ont pas profité de leur supériorité militaire pour conquérir d’autres pays, pour les réduire à l’état de colonie. Cela montre que la bonne entente fait partie de la culture chinoise et que la montée de la Chine a un caractère essentiellement pacifique. »
Tout est sans doute dans l’interprétation du mot « essentiellement »… Confucius est toujours vivant dans les esprits éclairés, mais il est maintenant évident que la Chine du XXIe siècle souhaite passer au plus vite des « mers vertes » aux « mers bleues » et récupérer ses parts de marché en océan Indien et ailleurs.
Pour mémoire, les échanges commerciaux amicaux de la Chine en 1820 représentaient environ 30% du PIB mondial. Ils n’étaient plus que de 1% en 1949. La reconquête est lancée. Une nouvelle « Longue Marche ».
Tout est sans doute dans l’interprétation du mot « essentiellement »… Confucius est toujours vivant dans les esprits éclairés, mais il est maintenant évident que la Chine du XXIe siècle souhaite passer au plus vite des « mers vertes » aux « mers bleues » et récupérer ses parts de marché en océan Indien et ailleurs.
Pour mémoire, les échanges commerciaux amicaux de la Chine en 1820 représentaient environ 30% du PIB mondial. Ils n’étaient plus que de 1% en 1949. La reconquête est lancée. Une nouvelle « Longue Marche ».
Pour conclure, je laisse savourer à chaque dirigeant, cadre d’entreprise publique et privée, ce proverbe chinois : « Plus l’empereur est loin et plus le ciel est haut. »
Bloavez Mad (bonne année).