Eco Austral – Actualités économiques et entreprises de l'Océan Indien

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Vishal Nunkoo
Maurice

Velogic poursuit son développement à l’international

Velogic, leader de la logistique à Maurice, qui réalisait déjà 55 % de son chiffre d’affaires à l’extérieur de l’île, devrait augmenter sensiblement cette part. Il vient en effet d’acquérir, en décembre 2022, l’entreprise kenyane Rongai Workshop and Transport Ltd.

L’acquisition de Rongai Workshop and Transport Ltd par Velogic (groupe Rogers) en décembre 2022 est sa deuxième acquisition au Kenya. Il s’agit d’une entreprise de transport routier créée en 1947 par un ancien ingénieur de l’armée britannique et dont le gros de l’activité est l’acheminement du thé au port de Mombasa.

La première acquisition de Velogic au Kenya remonte à 2016, ayant pu se réaliser suite à l’entrée dans son capital en 2013 du gestionnaire de fonds Amethis, qui a apporté du cash pour le développement en Afrique. Amethis est finalement sorti du capital suite à l’introduction du logisticien sur le second marché de la Bourse de Maurice en décembre 2021.

De belles perspectives

En 2016, l’acquisition concernait déjà une entreprise de transport routier, y compris de conteneurs, avec aussi une activité de courtage en douane, à laquelle Velogic a ajouté le transit. « Une synergie des activités qui permet d’éviter que les conteneurs acheminés à Mombasa ne repartent à vide », explique Vishal Nunkoo, CEO de Velogic. C’est la même synergie que le logisticien déploie avec Rongai Workshop and Transport Ltd. D’autant plus intéressante que « le transport routier, qui exige plus d’investissements, se révèle néanmoins plus rentable que le transit où les marges restent faibles », ajoute Vishal Nunkoo. Plus précisément, dans le transit, le résultat net se situe en général à moins de 5 % du chiffre d’affaires.

Au bout du compte, le Kenya occupe désormais une place importante dans les activités de la filiale du groupe Rogers. Il est même devenu son deuxième plus gros bureau avec près de 500 salariés, sans parler de l’exploitation de plus de 150 véhicules. L’avenir s’annonce plutôt prometteur si l’on considère les atouts de ce pays de 55 millions d’habitants, qui a l’avantage d’avoir développé une industrie de transformation et devrait profiter de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Sans oublier que la transition politique, issue de l’élection présidentielle d’août 2022, a pu se faire en douceur. Le Kenya est un véritable « hub » pour l’Afrique de l’Est et en particulier pour les pays enclavés. « De grandes multinationales y ont implanté leur centre régional », précise Vishal Nunkoo à ce sujet.

Autre marché important pour Velogic, celui de Madagascar où l’entreprise est présente depuis trente ans. Au 30 juin 2022, ce marché représentait 14 % du chiffre d’affaires mais 17 % des profits.

Quelques nuages dans un ciel dégagé

Quant à l’Inde, où Velogic est implanté depuis plus de dix ans, elle représentait 8 % du chiffre d’affaires et 9 % des profits. Pour se rendre compte de la bonne rentabilité du Kenya grâce à l’activité de transport, il faut souligner qu’il pesait 8 % du chiffres d’affaires mais 17 % des profits. La France métropolitaine et La Réunion sont les deux autres marchés d’implantation et ils ont contribué à la croissance.

Velogic n’a pas vraiment souffert de la crise, bien au contraire. « Les gens ont découvert que la logistique est un service essentiel », commente le CEO de l’entreprise. Le logisticien enregistre de beaux résultats sur son année financière clôturée le 30 juin 2022. Il a réalisé un chiffre d’affaires de 4,6 milliards de roupies (environ 97 millions d’euros), en progression de plus de 24 % par rapport à l’année financière précédente. Et le résultat net affiche une croissance de plus de 28 %, à 193,6 millions de roupies (environ 4 millions d’euros).

L’export se porte plutôt bien à Maurice actuellement même si le pays souffre d’un mouvement de désindustrialisation depuis une dizaine d’années. En 2022, il a franchi pour la première fois la barre des 50 milliards de roupies (1,06 milliards d’euros), des chiffres qui ne prennent pas en compte les activités de services. Vishal Nunkoo tempère néanmoins en soulignant que la progression n’est pas aussi forte en volume. Tout simplement parce que « la valeur des produits a augmenté ». Le pays, qui a évolué vers une société de services, doit penser sérieusement à se réindustrialiser.

Quoi qu’il en soit, le ciel est plutôt dégagé pour le secteur de la logistique même si les chiffres d’affaires devraient baisser avec le retour à la normale des coûts du fret. Quelques nuages apparaissent cependant avec le mouvement de diversification des compagnies maritimes dans le transit. Après avoir gagné pas mal d’argent durant la crise, elles peuvent se permettre de racheter de gros acteurs du secteur. On l’a vu avec le rachat de Bolloré Africa Logistics par MSC. Avec ces acquisitions, les fournisseurs des logisticiens deviennent leurs concurrents.