Xavier Joseph, Directeur général de ZEOP : « Rester le numéro un est un vrai défi »
Six mois après sa prise de fonctions, le directeur général de Zeop fait le point sur les grands projets du groupe, qui entend bien rester le numéro un du très haut débit à La Réunion tout en développant son activité de téléphonie mobile.
Le 8 avril dernier, Xavier Joseph succédait à Xavier Hermesse à la direction générale de Zeop, plus précisément de THD Group, holding de télécommunications du groupe Océinde (Réunicâble, Zeop, Zeop Mobile). Dans son bureau provisoire de la Zac 2000 – les travaux d’agrandissement du siège de Zeop sont en cours – il revient sur les raisons qui l’ont amené à poser ses valises à La Réunion.
« La première est sans doute l’importance stratégique du secteur des télécommunications, dont j’avais progressivement pris conscience en travaillant sur des projets de smart-city à Dubaï, dit-il. L’accès à Internet est devenu au moins aussi important que celui à l’eau et à l’électricité ! De plus, j’ai été séduit par l’ambition et les projets d’Océinde et par les personnes que j’ai rencontrées, notamment Nassir Goulamaly. J’ai immédiatement eu envie d’avancer avec Zeop, c’est aussi un coup de coeur humain. »
Dans l’univers très concurrentiel des télécoms, Xavier Joseph a un premier objectif : « Rester le numéro un du très haut débit à La Réunion, rester l’opérateur ancré dans son territoire, qui ne pratique aucune discrimination liée à la localisation et qui offre un service illimité tant pour Internet que pour la téléphonie mobile. Rester le numéro un n’est jamais gagné, c’est un vrai défi en matière de marketing, de qualité de service, de créativité. Il s’agit d’un projet en soi dans un secteur où les attentes des clients évoluent en permanence. Quand on a été le premier à amener un produit, il faut se remettre en cause et se réinventer en permanence. »
Zeop renforce actuellement son offre de services aux entreprises, en plaçant la cybersécurité au coeur de ses réflexions. Dans le domaine de la téléphonie mobile, le groupe s’apprête à soumettre son dossier pour l’attribution des fréquences 5G, avec un regret. « Malgré la mobilisation des parlementaires réunionnais, nous n’avons pas eu gain de cause, déplore le directeur général. Nous demandions seulement une adaptation des règles du jeu à la situation locale, pour qu’on puisse rattraper notre retard en ayant accès comme nos concurrents aux fréquences les plus intéressantes. »
Xavier Joseph arrive également dans un groupe qui se prépare à changer d’envergure, avec l’ambition de faire de La Réunion un hub numérique et de grands projets d’infrastructure : la construction de deux data centers d’un total de 350 baies et l’investissement dans un nouveau câble sous-marin reliant l’île à l’Asie, faisant suite à la mise en service du câble METISS. Le permis de construire est déjà délivré pour le premier data center, celui qui sortira de terre au Port, à côté du siège de Zeop. Sa livraison est attendue mi- 2023. Pour le second, Océinde répond actuellement à un appel d’offres lancé par la Communauté intercommunale du nord de La Réunion (Cinor), pour une implantation sur la technopole de Saint-Denis.
« Pour le câble, nous avons des discussions avec des investisseurs sud-africains et asiatiques, indique Xavier Joseph. Un câble se fait à plusieurs, sauf quand on s’appelle Google, mais encore faut-il que les partenaires soient compatibles. »
De La Réunion, Xavier Joseph (55 ans) ne connaissait jusqu’en avril dernier que la réputation des voies de canyoning, une activité qui passionne ce Basque d’origine. « Avec mes amis, on en rêvait », dit-il. Ingénieur en électricité, il est également titulaire d’un master en administration des affaires (MBA). Il a effectué l’essentiel de son parcours professionnel dans les domaines de l’environnement et des infrastructures : distribution d’eau et d’électricité, traitement des déchets, production d’énergie.
Il a longtemps travaillé au sein du groupe Véolia, où il a engrangé une solide expérience à l’international : quatre ans au Maroc, six ans à Dubaï. Puis Xavier Joseph a répondu à l’appel du groupe Besix, le leader belge des travaux publics pour piloter, de Dubaï, des partenariats public-privé dans les secteurs de l’eau et des déchets. Il est ensuite devenu consultant indépendant, accompagnant des entreprises désireuses de s’implanter au Moyen-Orient quand il a été repéré par un « chasseur de têtes » mandaté par Océinde.