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Air Seychelles, incapable de rembourser 71 millions de dollars aux détenteurs d’obligations EA Partners, risque la liquidation.
Océan Indien

Redressement, restructuration ou liquidation pour Air Seychelles

Incapable de rembourser 71 millions de dollars aux détenteurs d’obligations EA Partners, Air Seychelles ne sait pas si elle pourra continuer à voler. Deux administrateurs ont été nommés et examinent trois options dont une éventuelle liquidation.

Pour comprendre le dossier Air Seychelles, un retour en arrière s’impose. En 2012, Etihad Airways, la compagnie aérienne d’Abou Dhabi, prend 40 % du capital de la compagnie nationale seychellois et la manage, les 60 % restants demeurent aux mains de l’État seychellois. En 2015, Etihad a créé EA Partners (Etihad Airways Partner) pour lui permettre de financer les compagnies aériennes dans lesquelles elle détenait des participations : Air Berlin, Air Serbia, Jet Airways, Darwin Airlines (Etihad Regional) et donc Air Seychelles. Cette même année, Etihad prenait 49 % du capital d’Alitalia, la compagnie nationale aérienne italienne. 
Deux véhicules à usage spécial, EA Partners I et II, ont été incorporés et ont vendu des obligations d’une valeur de 1,2 milliard de dollars pour lever des fonds pour ces transporteurs aériens. 
En avril 2021, le ministère des Finances des Seychelles a annoncé avoir conclu un accord pour reprendre la pleine propriété d’Air Seychelles, Etihad Airways ayant accepté de céder sa participation de 40 % à un prix très avantageux. Etihad Airways renonce également à 79 % des dettes d’Air Seychelles, qui lui devait 72,3 millions de dollars. Or, selon le site www. air-journal.fr, spécialisé dans le domaine aérien et bien informé, seuls 11,34 millions de dollars ont été réglés. « Nous allons payer 21 % et cette responsabilité a été prise en charge par le gouvernement, expliquait début juillet 2021 le secrétaire d’État aux Finances, Patrick Payet. Le remboursement commencera à partir de 2022. La deuxième négociation que nous avons est avec les détenteurs d’obligations, à qui nous proposons de ne payer que 20 millions de dollars. » 
De fait, 71,5 millions de dollars sont toujours dus aux détenteurs d’obligations. Ceux-ci ont déposé une requête en liquidation, afin de demander le recouvrement des dettes. Les créanciers assurent que « dans l’engagement initial avec Air Seychelles en juillet 2020, il était clairement indiqué la recherche d’une résolution juste et équitable des problèmes de la compagnie aérienne ». 
Le ministre seychellois des Transports, Anthony Derjacques, reste optimiste et assure, selon nos confrères de LINFO.RE, que « tout a été mis en place pour minimiser l’impact de cette situation sur les membres du personnel en cas de liquidation de la société ». 
Air Seychelles n’est pas la seule compagnie visée par les détenteurs d’obligations, rappelle www.air-journal.fr. Les créanciers cherchent à récupérer au total 1,2 milliard de dollars dus par les compagnies aériennes dans lesquelles Etihad Aviation Group était actionnaire. Air Serbia a remboursé toutes ses dettes, mais ce n’est pas le cas d’Air Berlin qui a fait faillite en 2017, ni d’Alitalia qui a mis la clé sous la porte à la fin du mois d’août et annoncé mettre fin à ses vols à compter du 15 octobre. La compagnie nationale italienne, qui perdait 2 millions d’euros par jour, était en difficulté depuis 2017, et sera reprise par Italia Trasporto Aereo (ITA). 

Turbulences sur toutes les îles
 

En clouant au sol la plupart des avions, la crise a mis en difficulté des compagnies qui, pour certaines, n’étaient déjà pas en bonne santé financière. Les États ont dû intervenir pour éviter les crashs et devront continuer à mettre la main à la poche car on s’attend encore, pour 2021, à de lourdes pertes. Du côté d’Air Mauritius, on commence à y voir plus clair avec la création d’une mégastructure parapublique, Airport Holdings Ltd, qui met sous son giron la compagnie aérienne, de même que l’aéroport de Maurice et de Rodrigues et la gestion du commerce Duty Free. En parallèle, la sortie d’Air India, du groupe mauricien Rogers et sans doute d’Air France du capital d’Air Mauritius équivaut à une nationalisation. Alors que l’avenir d’Air Madagascar demeure flou et que pèse la menace d’une disparition, celui d’Air Austral dépend du soutien de la Région Réunion, son quasi propriétaire, et surtout de l’État français qui a déjà « imposé » un rapprochement commercial avec Corsair. En attendant un rapprochement capitalistique ? La question reste posée.