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Océan Indien

Réunionnais et Mauriciens pessimistes au sujet du redressement économique

Face à la crise économique, collecter des informations précises et pertinentes est un enjeu vital. C’est à ce besoin immédiat auquel répond le baromètre C-19 de Kantar. Nathalie Job, directrice pour la région océan Indien, a comparé les résultats des études réalisées à Maurice et à La Réunion pendant le confinement.

Chez Kantar, nous cherchons à comprendre les comportements et les besoins des individus pour aider les institutions, les entreprises et les organes gouvernementaux à y répondre au mieux en établissant des plans stratégiques adaptés. 
La pandémie de la covid-19 a renforcé plus que jamais notre raison d’être. C’est pour cela que le réseau mondial Kantar s’est organisé à distance et bien souvent en télétravail pour sonder les citoyens de plus de 50 pays afin de mieux comprendre leur façon de gérer la crise. Ainsi, en un temps record, ce sont plus de 45 000 personnes qui ont été interrogées à travers le monde, nous permettant donc de prendre le pouls de la planète dans ce moment inédit. Dans cette étude mondiale, nous nous sommes intéressés à l’état d’esprit des individus, à leur façon de s’adapter et de gérer la situation, et aux impacts de la crise sur leurs comportements, notamment en matière de consommation et de médias. 
Nos antennes basées à Maurice, La Réunion, Madagascar et Mayotte sont en charge de cet exercice dans l’océan Indien. À ce jour, ce sont déjà plus de 1 700 personnes qui ont été interrogées à Maurice et à La Réunion. Les analyses confirment que nous vivons tous un moment d’exception, mais parfois de manière différente selon les cultures et les territoires. Les résultats de ce Baromètre C-19 nous montrent les spécificités liées certainement à l’insularité mais aussi les différences entre les deux îles. 

Le Réunionnais est plutôt serein quant à sa santé tandis que le Mauricien craint pour son avenir professionnel 

De manière générale, nous pouvons dire que le Réunionnais reste lucide sans paniquer. Certes, la situation l’inquiète mais dans une moindre mesure qu’un Français de l’Hexagone ou qu’un Mauricien. En effet, ce sont 6 Réunionnais sur 10 qui sont inquiets, contre 7 Mauriciens sur 10 et 8 Métropolitains sur 10. Les Réunionnais sont beaucoup plus confiants que les autres dans la gestion de la crise et la crainte de tomber malade puisque c’est seulement un peu plus d’un tiers qui ressentent cette peur alors qu’elle est ressentie par presque la moitié des métropolitains. 
Les Réunionnais et les Mauriciens se rejoignent sur un point : ils sont pessimistes quant à la capacité de redressement économique de leurs îles. C’est à peine plus d’un insulaire sur 10 qui pense que son économie se remettra rapidement. Un taux exceptionnellement bas comparé à l’Europe. Par contre, c’est quasiment la moitié des Mauriciens qui craint pour son emploi et la pérennité de son entreprise quand seulement un quart des Réunionnais est inquiet à ce sujet. En effet, la plupart des Réunionnais sont plutôt sereins sur leur avenir professionnel et la moitié d’entre eux affirment déjà que la crise n’impactera pas leurs revenus.

Ce qui a manqué : les interactions sociales pour le Réunionnais, la routine pour le Mauricien 

Le confinement est une période particulièrement difficile à  vivre, elle éveille chez les individus des frustrations diverses. Comme les Métropolitains ou les Mauriciens, les Réunionnais souffrent prioritairement de la privation de liberté, ils se démarquent par contre sur les interactions sociales qui sont le deuxième manque ressenti, alors que les Mauriciens regrettent davantage le sentiment de sécurité et leur routine. Les Réunionnais sont plus attachés à vivre une vie sociale intense alors que les Mauriciens sont ancrés dans un quotidien rassurant. 
La solution envisagée face à la crise est la solidarité par presqu'un Réunionnais sur deux. Il semblerait qu’il s’agisse d’un trait caractéristique de l’insularité puisqu’il est exprimé dans la même mesure par les Mauriciens mais pas du tout par les Métropolitains. Au niveau européen et mondial, on estime plutôt que c’est la préparation et l’information qui pourront nous permettre d’envisager une issue à la crise. On peut supposer que la croyance en la solidarité soit favorisée par l’étroitesse du territoire et les relations de proximité entretenues entre individus sur nos îles. 

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Le Réunionnais de plus de 59 ans favorise le sport quand le Mauricien lui préfère la lecture 

Mauriciens et Réunionnais ont des manières différentes de s’occuper et de gérer leurs émotions pendant le confinement. Les Réunionnais choisissent, pour 40 % d’entre eux, de rester actifs et de faire du sport pour gérer leur mental et cela est particulièrement vrai chez les plus de 59 ans. Les Mauriciens, quant à eux, lisent plus s’ils sont âgés ou en profitent pour dormir davantage ou se concentrer sur des activités de développement personnel s’ils sont plus jeunes. 
Pour les Mauriciens comme pour les Réunionnais, le confinement aura été l’occasion de tester les achats en ligne. C’est un Mauricien sur quatre qui a réalisé pour la première fois ses achats en ligne. Il s’est intéressé principalement à la nourriture et aux boissons pour des raisons évidentes de praticité et de livraison. Quant aux Réunionnais, c’est seulement 8 % d’entre eux qui ont acheté de la nourriture pour la première fois sur une plateforme de e-commerce (*). C’est d’abord les prix et la recherche de bonnes affaires qui les ont incités. Même si les Mauriciens sont nombreux à avoir testé l’achat en ligne, l’essai n’est pas pour autant confirmé car ils ne se disent pas particulièrement satisfaits de leur expérience. Il semblerait que Maurice ait encore du chemin à parcourir pour atteindre un certain niveau d’exigence en matière d’e-commerce. 

Transparence et honnêteté de la part des marques sont des attentes partagées par tous 

Les Réunionnais attendent des entreprises qu’elles fassent passer l’humain et la sécurité de leurs employés en priorité devant l’approvisionnement ou le télétravail. Les offres promotionnelles et les rabais en soutien au foyer arrivent en quatrième position. À l’inverse, les Mauriciens souhaiteraient que les marques et les entreprises les soutiennent au quotidien avec des offres financièrement intéressantes. Ils attendent des marques qu’elles se rendent utiles et les servent dans leurs tâches routinières. Transparence et honnêteté deviennent des qualités indispensables dans un monde en crise. Et cette attente correspond aussi bien aux Mauriciens qu’aux Réunionnais. 

(*) NDLR : Pour relativiser cette différence, il faut souligner que l’accès aux supermarchés n’était pas réglementé à La Réunion. Au contraire, à Maurice, il était limité par un ordre alphabétique qui ne permettait de faire ses courses que deux jours par semaine. Pendant plus d’une semaine, les supermarchés sont même restés fermés.