ANTHONY LEBON, PRÉSIDENT DE LA FRBTP : « Pourquoi nous devons nous battre pour notre filière BTP. »
Pour le président de la Fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics, ne pas se battre aujourd’hui pour la filière, ce serait perdre durablement les moyens de construire La Réunion de demain.
Chaque jour, nous construisons La Réunion. Nous intervenons sur des chantiers essentiels à la vie des Réunionnais. Nos métiers sont souvent méconnus, voire sous-estimés. Aujourd’hui, il est de notre devoir d’alerter sur la crise sans précédent que traverse notre filière.
Réunionnaises, Réunionnais, vos routes, vos logements, vos infrastructures sont le fruit du travail de femmes et d’hommes passionnés du secteur du BTP ! Grâce à nos réalisations, vous vous déplacez en sécurité, vous vivez confortablement et vous profitez de vos loisirs dans les meilleures conditions.
Notre filière emploie presque 25 000 salariés. Des jeunes et des personnes plus expérimentées, des personnes qualifiées et d’autres sans qualification. Nous contribuons à la réinsertion professionnelle de celles et ceux qui ont quitté l’école, en leur assurant un réel plan de carrière et des salaires dignes. Notre engagement au service du territoire est sans faille. Sans nous, les entrepreneurs du BTP, les besoins de notre île en matière d’infrastructures ne seraient pas couverts. En termes de logements, par exemple. Il y a quelques années, nous avons pleinement respecté la demande qui nous avait été faite de construire entre 6 000 à 8 000 logements par an. En 2024, la commande en logements est inférieure à 1 000, lorsque plus de 40 000 demandes de logements sont enregistrées. Comment pouvons-nous, dans ces conditions, assurer l’avenir du territoire et la pérennité des entreprises du BTP ? C’est impossible.
Des marges brutes en chute libre
Depuis plusieurs années, nous n’avons eu de cesse de sensibiliser les décideurs et nos partenaires sur les difficultés de notre filière. Le nombre d’entreprises défaillantes à la caisse de congés payés du BTP et à la CGSS est supérieur à 40%. Il y a dix ans, nos marges brutes étaient de 16 %. Aujourd’hui elles atteignent le seuil critique de 5 %, ce qui entraîne une baisse de trésorerie généralisée. Après les plans sociaux de 2023, des entreprises du BTP seront très certainement contraintes de placer des employés en travail partiel ou en chômage technique cette année, par manque d’activité.
Depuis plus de 70 ans, la FRBTP a été un acteur responsable, structurant et résilient. Les adhérents de la FRBTP ont joué un rôle d’amortisseur dans les crises qu’a connues le secteur, en augmentant régulièrement les salaires chaque année, même lorsque leurs marges étaient au plus bas. Même au-delà de l’inflation cumulée.
Face à toute demande d’augmentation de salaire, nous n’aurons pas d’autres choix que de mettre la clef sous la porte ou de licencier des salariés. Sauf si des mesures concrètes sont proposées par le gouvernement ou des acteurs économiques publics et privés, impliqués de près ou de loin dans le secteur du BTP.
Réunionnaises, Réunionnais, à quoi ressemblerait notre île demain, sans entreprises de BTP, sans nos savoir-faire pour construire les prochains projets de la mobilité, les futurs logements et aménager le territoire tout en relevant le défi de la décarbonation ?
Add Comment
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.