BILAN ÉNERGÉTIQUE 2022 : On reste très loin de la transition énergétique
Le bilan énergétique de La Réunion pour l’année 2022 montre que les énergies renouvelables occupent une part de 37,7 % dans le mix électrique. En forte progression, mais loin des objectifs. Quant au transport routier, il voit sa consommation d’énergies fossiles augmenter de 4 % au lieu des -10 % attendus.
L’Observatoire énergie Réunion (OER), animé par la SPL Horizon Réunion et soutenu par 20 partenaires techniques et financiers, a la bonne idée de publier depuis plus de quinze ans un bilan énergétique annuel. De quoi suivre la consommation d’énergie et savoir si la disparition des énergies fossiles importées est une perspective réaliste ou juste une fiction. Depuis 2005, leur part se stabilise à plus ou moins 85,8 %, même si l’on note en 2022 une légère diminution par rapport à 2021. En effet, si dans le mix électrique, la part des énergies renouvelables atteint 37,7 % en 2022, il ne faut pas oublier que le plus gros consommateur d’énergie demeure de très loin le transport routier. Il pèse environ 64 % de la consommation, alors que l’électricité se situe à environ 24 %.
En tout cas, la bonne nouvelle, au sujet de l’année 2022, c’est que les actions en matière de maîtrise de l’énergie semblent payer. Alors que la production d’électricité augmentait en moyenne de 1,4 % par an de 2011 à 2021, cette croissance se situe à peine à 0,5 % en 2022, soit un volume de 2 806 GWh. Et cela alors qu’EDF a enregistré 7 550 clients supplémentaires. Il faut dire que le développement des chauffe-eau solaires, promu par la SPL Horizon Réunion, porte ses fruits. Aujourd’hui, 85 % des résidences principales des Réunionnais sont dotées d’un chauffe-eau solaire. De quoi réjouir EDF qui est aussi très impliquée dans la réduction de la consommation, pour la bonne raison qu’elle vend l’électricité à un coût inférieur à son coût de production. Il s’agit de respecter la règle qui veut que partout sur le territoire français l’électricité soit au même prix. Un système de péréquation a donc été mis en place qui permet de doter EDF, à La Réunion et dans d’autres territoires insulaires, de fonds publics lui permettant d’exercer son activité de producteur et de distributeur.
L’autre bonne nouvelle du bilan énergétique 2022, c’est cette part de 37,7 % d’énergies renouvelables dans le mix électrique, alors qu’elle n’était que de 28,2 % en 2021. Mais cette croissance est due essentiellement à l’hydraulique qui a bénéficié d’une forte pluviométrie. En 2022, l’hydraulique pèse à lui seul 21 % du mix électrique, avec 634,2 GWh. À comparer aux 9 % (283,3 GWh) que produisent le solaire et l’éolien. En dépendant de la pluviométrie, l’hydraulique est susceptible de varier beaucoup d’une année à l’autre. Quoi qu’il en soit, même si l’on considère les 37,7 % d’énergies renouvelables en 2022, on peut s’interroger sur la capacité de La Réunion à atteindre les objectifs fixés par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) 2019-2028. Celle-ci veut une production de 3 096 GWh pour les énergies renouvelables en 2023, alors qu’en 2022 on se situe à 1 154,50 GWh, soit quasiment un tiers. Cela dit, la conversion des centrales bagasse-charbon d’Albioma et de la grosse centrale au fioul d’EDF pourrait changer la donne. D’autant que les voitures électriques et hybrides ont le vent en poupe. En 2022, 33 % des véhicules neufs immatriculés étaient électriques, hydrides ou hydrides non rechargeables. Pour y voir plus clair, il faut préciser que les véhicules 100 % électriques, qu’on pourra appeler « propres » quand les énergies renouvelables domineront le mix électrique, se situaient à 11,17 % des ventes. Les véhicules électriques pèseraient aujourd’hui 5 % du parc automobile, soit 23 750 véhicules. Là encore, on reste loin des objectifs de la PPE qui vise 10 % du parc en 2023. De même, la réduction de 8 % de la consommation d’électricité en 2028 peut sembler illusoire, à moins d’entrer dans une grosse récession. La multiplication par 2,5 de la production d’énergie photovoltaïque d’ici 2028 peut aussi nous rendre sceptiques. À moins de mettre le turbo et les moyens qui vont avec. En 2019, une étude, qui avait été commandée par l’Ademe, évaluait à 2,3 milliards d’euros les investissements nécessaires pour atteindre l’autonomie énergétique.