DU NEUF DANS L’AGROALIMENTAIRE RÉUNIONNAIS
Une enquête gourmande au sein du secteur agroalimentaire réunionnais nous a fait découvrir de nombreuses nouveautés et le dynamisme de très petites entreprises (TPE) qui ne demandent qu’à grandir.
Il n’est pas simple de brosser un tableau chiffré du secteur agroalimentaire réunionnais. Il n’existe pas de monographie récente, la frontière entre artisanat et industrie n’est pas nette et la nomenclature officielle est trompeuse : les boulangers-pâtissiers et les bouchers-charcutiers sont en effet compté dans l’agro-industrie. Il est admis que l’agroalimentaire représente un tiers de la valeur ajoutée produite par l’industrie réunionnaise. On en connaît les poids-lourds : les sucreries, les abattoirs, les armements de pêche à la légine, les Brasseries de Bourbon, la Cilam, Royal Bourbon Industries… Cette industrie (8 400 salariés, selon l’Insee) qui a grandi avec le mouvement de l’import-substitution constitue une base solide pour le tissu économique, en générant de nombreux emplois indirects.
À l’autre bout de l’échelle, on trouve les petits transformateurs, souvent des agriculteurs en quête d’une meilleure valorisation de leur production, qui commencent par pratiquer la vente directe. Cette catégorie semble aujourd’hui foisonnante à La Réunion. Entre ce petit artisanat de transformation et les entreprises industrielles, un secteur intermédiaire est en train de se structurer. La création récente de l’Union des transformateurs agroalimentaires de La Réunion témoigne de cette émergence. Tout en restant de petite taille, des entreprises trouvent leur marché, commencent à se faire accepter dans les rayons de la distribution, surfent sur l’essor de la vente en ligne. Elles investissent pour augmenter leurs capacités de production, cherchent à mutualiser leurs outils.
Gérard Rangama, fondateur de Soleil Réunion en 1997, a été un des premiers à réussir dans cette démarche. Il emploie aujourd’hui 25 personnes et a créé une petite usine sur la zone d’activités de Gillot. Il montre la voie à de nombreuses TPE pleines d’ambition, tout en pointant du doigt les limites d’un tel modèle. « Il faut choisir entre occuper des niches et faire du volume, dit-il. Et je ne crois pas que le format de grande entreprise soit adapté au marché de La Réunion. Il n’y a pas la place pour deux Royal Bourbon Industrie. »
En revanche, les tendances actuelles de la consommation laissent penser qu’il y a de belles places à prendre pour les créateurs innovants que nous vous présentons dans les pages suivantes.
Soboriz marie les grains : Sur un marché aussi mature que celui du riz à La Réunion, est-il encore possible d’innover ? Oui, a démontré cette année la Soboriz en lançant son Sélection : un mélange à 50-50 de riz basmati et de riz parfumé, commercialisé en sac de 5 kilos. « C’est une première à La Réunion et sans doute en France, explique Patrick Barjonet, directeur général. L’idée est venue d’échanges avec des restaurateurs et des consommateurs nous disant qu’ils mélangeaient ces deux variétés. Pourquoi pas le proposer nous-mêmes ? Nous avons fait des essais, des dégustations pour obtenir un mélange qui offre à la fois la légèreté du basmati et le moelleux du parfumé. » Les deux riz sont incorporés au début du processus d’usinage afin d’obtenir un mélange homogène. L’innovation a nécessité quelques investissements : un silo tampon et des balances pour contrôler le débit des deux flux.
Le niveau des ventes du nouveau produit est jugé satisfaisant par l’entreprise portoise. « Nous sommes allés au-delà de nos objectifs, qui étaient, il est vrai, modestes », commente Patrick Barjonet. Soboriz va lancer son Sélection en sachet de deux kilos dans les prochains mois afin d’attirer les consommateurs qui hésitent à investir dans un sac de 5 kilos sans connaître le produit.