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Madagascar

Électrification : La Jirama veut s’inspirer du modèle rwandais

Un rapport de la Banque mondiale rappelait en juin dernier qu’il faudra environ 70 ans à Madagascar pour rattraper le Rwanda, pays qui était au même niveau économique que lui au début des années 2000, mais devenu entretemps un champion africain. En ce qui concerne l’énergie, le modèle rwandais apparaît encore plus attractif. En effet, parti d’une situation équivalente à celle que connaît aujourd’hui la compagnie nationale d’eau et d’électricité de Madagascar (Jirama), il aura fallu dix ans au Rwanda Energy Group (REG), le distributeur national d’électricité, pour redresser ses comptes et atteindre un taux d’accès à l’électricité de 75 % : il sera vraisemblablement porté à 100 % en 2024.

« Cette société rwandaise tient le record en matières de redressement, d’effacement de délestage et d’accroissement du taux de l’électrification », reconnaît la Jirama et c’est précisément pour en savoir plus sur le fonctionnement et les méthodes de cette holding publique qu’une importante délégation malgache a pris l’avion pour Kigali, la capitale rwandaise, le 6 février dernier.

Partages d’expériences

Composée de Marie-Chantal Uwanyiligira, responsable des opérations de la Banque mondiale pour Madagascar, et elle-même Rwandaise, de Solo Andriamanampisoa, président du conseil d’administration de la Jirama, de membres du conseil d’administration et de la direction de la compagnie nationale ainsi que de représentants du ministère malgache de l’Énergie et des Hydrocarbures, la délégation a pu rencontrer Ron Weiss, le président-directeur général du Rwanda Energy Group, et faire le point avec lui sur les partages d’expériences nécessaires pour résoudre les problèmes les plus urgents de la Jirama. Problème numéro un depuis le début de la guerre russo-ukrainienne : la cherté  et la raréfaction du fuel qui alimente les centrales électriques, et les délestages qui en découlent.

L’énergie solaire comme alternative ? Le 10 février, la délégation a pu visiter à l’est du pays, dans la province de Rwamagana, la centrale solaire Anne Heyman. En activité depuis 2015, elle aligne plus de 28 000 panneaux solaires, d’une capacité de 8,5 mégawatts. Elle demeure à ce jour le plus grand projet d’énergie solaire subsaharien, plaçant le Rwanda parmi les leaders africains en matière d’énergies renouvelables.

« Si le Rwanda peut le faire, Madagascar le peut aussi mais cela nécessitera le redressement de cette compagnie. La Banque mondiale est prête à soutenir l’accélération de l’accès à l’énergie de 30 à 66 %, mais cela nécessitera le bon fonctionnement et la restructuration de la Jirama », a rappelé Marie-Chantal Uwanyiligira, faisant écho à un rapport de l’économiste de la Banque mondiale à Madagascar, Marc Stocker, qui appelait à une approche plus holistique des problèmes du pays, déclarant en 2022 que « contrairement au Rwanda, il n’y a pas eu (à Madagascar) de consensus des bailleurs, de la société civile, du secteur privé et du pouvoir politique autour d’un programme de croissance. »

Un prêt de 250 millions de dollars pour la protection sociale
En marge de la mission malgache au Rwanda, la responsable des opérations de la Banque mondiale pour Madagascar, a annoncé une nouvelle mesure de l’institution de Bretton Woods pour aider les populations les plus exposées à une plus grande résilience face aux chocs climatiques et économiques dont elles sont régulièrement les victimes, conduisant le pays à l’insécurité alimentaire, voire à la famine dans le sud de l’île. La Banque mondiale s’engage ainsi à renforcer le système de protection sociale par un prêt de de 250 millions de dollars qui sera mis en œuvre sur une période de quatre ans et ciblera les ménages extrêmement pauvres dans l’ensemble des 23 régions de l’île. « Au moins trois millions de personnes, soit 13 % des ménages extrêmement pauvres, bénéficieront du projet », a précisé Marie-Chantal Uwanyiligira.

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