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Madagascar

KOLOINA RAMAROMANDRAY : La jeunesse au service de l’entrepreneuriat vert

À 27 ans, Koloina Ramaromandray est directrice du programme Mitsiry  au sein du fonds d’investissement Miarakap. Mitsiry est un accélérateur de start-up à impacts positifs sur la conservation de l’environnement et les communautés locales. Explications…

L’Éco austral : Comment la transition entre vos études et le marché de travail s’est-elle passée ?
Koloina Ramaromandray 
: J’ai fait des études en finances à l’Institut national des sciences comptables et de l’administration des entreprises (INSCAE). Quand j’ai fini mon master, j’ai cherché un emploi où je pouvais mettre à profit ce que j’avais appris, tout en répondant à mes aspirations personnelles pour une activité à impacts positifs. C’est comme ça que je suis tombée sur Miarakap où, par la suite, je suis devenue directrice d’un programme d’investissement. J’ai pu côtoyer des entreprises dans des secteurs à impact environnemental et à impacts directs sur les communautés locales.

Vous êtes donc directrice du programme Mitsiry. Pouvez-vous nous le présenter ?

L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) nous a approchés il y a trois ans pour développer un programme dont le but est de financer et d’accompagner des entreprises qui ont des impacts sur la conservation de l’environnement. Je m’y suis impliquée et j’ai contribué à sa création. J’ai travaillé deux ans avec l’USAID sur le sujet et, en mars 2022, Mitsiry a été officiellement lancé.

Le fait d’être une « junior » était-il un handicap pour vous ?

Je suis parfois effectivement confrontée à des appréhensions de la part de certains de mes interlocuteurs. J’ai aujourd’hui 27 ans, j’occupe un poste de directrice de programme et mes principaux interlocuteurs sont majoritairement des chefs d’entreprise, des responsables du pays et des directeurs locaux de bailleurs de fonds. Mais je m’efforce toujours de prouver qu’il est possible d’occuper un poste important en étant jeune, si l’on est sérieuse, impliquée, passionnée, motivée et qu’on fournit du bon travail.

Quels sont les points que vous considérez importants pour votre poste ?

Le premier point, c’est d’être bien entourée. C’est-à-dire avoir des personnes à l’écoute et pouvant me conseiller, sans a priori. Le deuxième point, c’est la persévérance. Quand on entre dans le monde de la finance et du développement en étant une jeune femme, cela représente un frein supplémentaire par rapport à d’autres personnes. Du coup, il ne faut pas se laisser abattre à chaque petit souci, à chaque réaction ou à chaque obstacle. Il y a également l’agilité que je mets en commun avec la polyvalence parce qu’il faut s’intéresser à tout et ne pas s’enfermer dans un seul domaine. Et le dernier point, c’est l’importance de toujours apprendre et ne pas se reposer sur les acquis.

La majorité des jeunes n’ont pas cette chance d’être embauchés dès la fin de leurs études. Pensez-vous que les entreprises doivent revoir leurs critères de recrutement ?

Je comprends qu’il y ait des postes qui nécessitent un certain niveau d’expérience et d’ancienneté. Mais il faut que les entreprises s’intéressent aux jeunes qui sortent des écoles et qui commencent à se construire une expérience. Il est nécessaire de leur donner la chance d’exprimer leur potentiel, de leur donner de la responsabilité. D’ailleurs, une grosse partie des métiers d’aujourd’hui sont quand-même des métiers d’innovation, où on a besoin de dynamisme, d’agilité et d’adaptabilité. On peut façonner ces jeunes qui sortent des écoles, bien les former. Je suis convaincue qu’une personne bien formée en interne peut devenir un bon leader.

Est-ce une stratégie qui peut fonctionner pour les entreprises ?

Nous en avons un exemple avec Miarakap. Quatre-vingt-dix pour cent de nos employés sortent des écoles. Nous les avons ensuite formés en interne parce que nous faisons un métier particulièrement innovant et nouveau. Il est de toute façon difficile de trouver une personne qui dispose d’une expérience probante dans notre domaine de l’investissement en capital et de la gestion de programmes de blended finance. C’est pareil pour les entreprises que nous finançons. Ces entreprises ont besoin de dynamisme et d’agilité, c’est pourquoi nous les encourageons à recruter de jeunes talents dynamiques.