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Madagascar

Le ministre du Tourisme accueille en grande pompe la deuxième vague de croisiéristes

 Après l’arrêt de toute activité  causé par la crise sanitaire de 2020-2022, Madagascar a accueilli ce mois son deuxième bateau de croisière de l’année. Le premier était le paquebot japonais Nippon Maru qui avait fait escale à Toamasina (Tamatave) les 10-12 janvier avec ses 254 passagers. Cette fois, l’opportunité était encore plus belle puisque le Deliziosa, un bateau de la compagnie italienne Costa Croisères (Groupe Carnival), a choisi de jeter l’ancre à Nosy-Be le 10 février  puis à Toamasina le 13 février avec pas moins de 1 608 touristes à son bord. Parti d’Italie le 6 janvier pour un tour du monde de 128 jours, il avait précédemment fait escale aux Seychelles, à La Réunion et à Maurice.

Une aubaine pour les organisateurs d’excursions, les taxis, les tuk-tuks, cyclopousses, restaurateurs, artisans et vendeurs de souvenirs en tout genre quand on sait qu’un croisiériste, selon les chiffres d’une étude fournie en 2014 par l’Association internationale des compagnies de croisière (CLIA), injecte à chaque escale une centaine d’euros dans l’économie locale. C’est ainsi qu’à Toamasina, plus de 900 excursions ont été vendues, dont l’incontournable visite en bateau du canal des Pangalanes. Une clientèle à fort pouvoir d’achat, constituée pour le Costa Deliziosa de Français, Italiens, Allemands, Suisses,  Espagnols et Autrichiens n’ayant pas hésité à payer un minimum der 15 000 euros pour leur croisière.

Loin du niveau d’avant-crise

Les statisticiens du ministère du Tourisme voient d’un tout aussi bon œil ce nouveau contingent de touristes qui s’ajoutent aux 8 000 croisiéristes que le pays a accueillis depuis la réouverture de ses frontières en mars 2022. À telle enseigne que le ministre du Tourisme en personne, Joël Randriamandranto, a fait le déplacement depuis la capitale pour accueillir en grande pompe le Costa Deliziosa à Toamasina, accompagné du gouverneur de la région Atsinanana. Tout ce monde bien soulagé que l’industrie mondiale de la croisière reparte même si la fréquentation reste très en-dessous du niveau d’avant-crise : 650 000 passagers seulement en 2020 alors qu’ils étaient 30 millions en 2019, mais plus de six millions de passagers enregistrés depuis la reprise des opérations en juillet 2020, selon le rapport 2022 de la CLIA.

À son point culminant, l’activité rapportait 150 milliard de dollars par an et fournissait 1,2 million d’emplois directs et induits. Sans oublier les fortes retombées économiques pour les chantiers navals et les ports visités. Aujourd’hui, l’activité tente de rattraper le temps perdu, consciente qu’elle ne retrouvera ses niveaux d’avant-crise qu’à partir de 2023 ou 2024. Alors que le Costa Deliziosa est déjà reparti, croisant maintenant  vers le continent africain avec escales prévues en Afrique du Sud et en Namibie,  d’autres bateaux de croisière sont attendus dans les ports de Diego-Suarez, Fort-Dauphin et Mahajanga, d’ici mai 2023. À cette date, le Costa Deliziosa aura terminé son tour de monde et retrouvé l’Italie.

Des croisières écoresponsables
Toutes les compagnies de croisières maritimes sont conscientes que pour retrouver le niveau d’avant-Covid, il leur faut aujourd’hui capter une clientèle nouvelle et plus jeune, les milléniaux (35-45 ans), chez qui le critère écoresponsable est déterminant. Pour la compagnie italienne Costa Croisières, cela se traduit par cette profession de foi de son directeur général, Mario Zanetti : « Notre ambition est d’introduire une nouvelle génération de navires fonctionnant avec zéro émission nette d’ici 2050 », a-t-il déclaré alors qu’était signé, le 12 janvier dernier, un protocole d’accord avec le producteur d’électricité Enel, l’un des leaders du photovoltaïque en Italie. Pour réduire à zéro les émissions atmosphériques pendant les escales, il a été décidé d’installer sur les navire un système d’alimentation par batterie qui sera combiné à un système d’alimentation à quai, raccordé au réseau électrique terrestre. Plus d’attention également portée au tissu économique et humain du port visité : « Puisque nous considérons que le navire fait partie intégrante du territoire, les activités de transport annexes aux croisières, dans les ports et les villes, devront également être de plus en plus durables », précise encore Costa Croisières.