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LA NOUVELLE-CALÉDONIE DANS LA TOURMENTE Un scénario à l’algérienne n’est pas exclu
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LA NOUVELLE-CALÉDONIE DANS LA TOURMENTE : Un scénario à l’algérienne n’est pas excluAbonné 

Les conflits ethniques dans la collectivité autonome de Nouvelle-Calédonie avaient jusqu’à ces dernières années été gérés avec doigté. Ils ressurgissent avec plus de violence que jamais. On compte des morts d’hommes cependant que certains Blancs de l’archipel ont déjà plié bagage. On peut se demander si l’on évitera un scénario à l’algérienne.

La Nouvelle-Calédonie est un archipel du Pacifique sud grand comme deux fois la Corse (18 000 km2). Il y a 171 ans, en 1853, ses habitants ont découvert le visage de la France sous les traits d’un contre-amiral de Napoléon III. Au nombre de quelques milliers, ces peuples aujourd’hui dénommés Kanaks parlaient pas moins de 29 langues. Ils vivaient isolés dans leurs vallées et cultivaient l’igname et le taro (songe). Ils se combattaient à l’occasion. Soumis non sans mal par l’occupant, ils allaient adopter tout à la fois le christianisme et une langue commune, le français, mais aussi connaître les méfaits de l’oppression coloniale, dont Louise Michel a laissé de poignants témoignages.

Là-dessus, le gouvernement français installa dans l’archipel une colonie pénitentiaire, cependant que la découverte d’importants gisements de nickel nécessita l’importation de travailleurs de la région Pacifique.

De l’oppression à un statut d’autonomie honorable

Devenue en 1946 un territoire d’Outre-Mer autonome à l’égal de la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie compte aujourd’hui 270 000 habitants, soit à peine moins que la Corse, dont les deux tiers à Nouméa, la capitale.

Quatre Calédoniens sur dix (40 %) descendent des premiers habitants de l’île, les Kanaks. Deux sur dix descendent des colons et bagnards européens, les Caldoches, ou sont des fonctionnaires venus de la Métropole, les « z’oreilles ». Trois sur dix sont des immigrants du Pacifique (Polynésiens, Chinois...).

À la fin du XXe siècle, bien que jouissant de tous les droits des citoyens français, les Kanaks, attachés à leurs traditions, leurs mythes et leurs coutumes, n’ont plus supporté leur marginalisation et se sont rebellés sous la conduite d’un chef prestigieux, Jean-Marie Tjibaou, chef du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).

Un accord laborieux s’est mis en place sous l’égide du président Mitterrand et grâce surtout au savoir-faire politique du Premier ministre Michel Rocard et à l’habileté manœuvrière de son conseiller Christian Blanc. Grâce aussi à la bonne volonté de Jacques Lafleur, chef des loyalistes, et Jean-Marie Tjibaou (lequel sera assassiné par des adversaires kanaks un an après).

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Paysage au coucher du soleil sur les collines autour de Nouméa. La Nouvelle-Calédonie dispose de nombreux atouts naturels pour le tourisme. Mais ses points faibles sont l’insuffisance de structures hôtelières et un coût de la vie très élevé. ©Stocklib/Timhester

Les accords de Matignon du 26 juin 1988 ont fait de l’archipel un laboratoire institutionnel :

• Ils ont reconnu les institutions coutumières kanakes en matière de justice, ce qui a nécessité de distinguer les citoyens selon leur origine ethnique et de recourir aux statistiques ethniques, des pratiques formellement interdites ailleurs en France.

• Ils ont accordé de très larges pouvoirs aux trois provinces : le Sud (Nouméa), le Nord et les Îles, très majoritairement kanaks.

• Les leaders kanaks ont été aussi associés à la gestion de la Société minière du Sud-Pacifique (SMSP), concurrente de la Société le nickel (SLN).

• Enfin, l’État français, par le biais de l’Agence de développement rural et d’aménagement foncier (Adraf) a racheté des milliers d’hectares à des propriétaires non kanaks et les a distribués gratuitement aux clans et aux tribus avec le statut de terres « coutumières », protégées par les « quatre i » : inaliénables, incessibles, incommutables et insaisissables...

« Malheureusement, les bénéficiaires de ces terres, non seulement ne les ont pas entretenues, mais abandonnées, » déplore l’un de nos correspondants.

Dix ans plus tard, le 5 mai 1998, l’accord de Nouméa est venu compléter les préc�...

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