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LA SANTÉ : le grand défi des prochaines décennies
Maurice

LA SANTÉ : le grand défi des prochaines décennies

Le taux de fécondité est en chute libre à Maurice, la population baisse et elle vieillit très vite. De quoi mettre sous pression le secteur de la santé dans lequel se développent des entreprises privées.

Au ministère de la Santé mauricien, Nundita Akaloo, chargée du planning familial et des statistiques, souligne le retournement de la courbe démographique, qui s’explique par « la forte chute du taux de fertilité depuis quelques décennies, avec un coefficient de 1,27 à fin 2022. » En fait, Maurice a achevé sa transition démographique depuis la fin des années 1980, faisant figure d’exception sur le continent africain.

Ce taux de fécondité (nombre d’enfants par femme) de 1,27 est particulièrement bas, inférieur à celui de la France qui se situe à 1,68 après avoir connu une chute historique en 2023. À titre de comparaison, le taux de fécondité à Madagascar et aux Comores est estimé à 4.

Un secteur économique à part entière

Maurice se situe au niveau de pays asiatiques comme le Japon (1,30) et la Chine (1,17), mais fait mieux que la Corée du Sud (0,81). Il n’empêche qu’elle se situe très largement sous le seuil du renouvellement de sa population, fixé à 2,10. La population mauricienne a baissé de 0,3 % au 1er juillet 2022 par rapport au 1er juillet 2021, se situant à 1 217 588. Mais le problème, c’est que cette population vieillit et, sachant que les grandes tendances démographiques se mesurent sur la longue durée, on peut déjà établir des prévisions. En 2062, les plus de 60 ans représenteront près de 40 % de la population. Ils représentent déjà 20 % et cela influe sur les besoins en santé. Une pression qui va aller en s’accentuant. À ce phénomène démographique incontournable, il faut ajouter une demande plus forte pour des soins de qualité. Les hôpitaux et dispensaires publics sont accessibles gratuitement à tous les Mauriciens, mais ils se révèlent parfois saturés. Il est fréquent d’attendre plusieurs heures pour une consultation.

Le gouvernement s’efforce de répondre aux besoins avec plusieurs projets en cours que nous présentons dans notre dossier. Dans le dernier budget de l’État (juin 2023), avec 7,8 milliards de roupies (159 millions d’euros), la santé publique figurait à la quatrième place des investissements sociaux, derrière le logement, l’environnement (dont la gestion des inondations), la sécurité et l’ordre public. Un effort financier qui devra s’intensifier. Et l’on peut se demander si la gratuité totale des soins pourra être maintenue sur le long terme ou bien si le gouvernement ne devra pas mettre à contribution les entreprises en vue de généraliser les assurances privées.

Une croissance portée par les assurances médicales

Dans ce contexte, le secteur de la santé privé commence à prendre de la consistance et répond à la demande d’une certaine frange de la population. Des projets importants voient (ou vont voir) le jour. Le développement de ce secteur privé dépend de celui des assurances médicales qui font partie des avantages en nature proposés par certaines entreprises à leurs salariés. Sans parler des expatriés, comme les nombreux Français et Sud-Africains qui bénéficient de leurs propres assurances maladie et éventuellement de mutuelles. La Caisse des Français de l’étranger (CFE) peut être considérée comme la Sécurité sociale des expatriés même si elle est un établissement privé. Comme la Sécurité sociale en France, elle ne rembourse pas l’intégralité des soins, mais a l’avantage de ne pas fixer de plafond annuel à ses assurés. Contrairement aux assurances privées proposées à Maurice. Des assurances qui misent sur l’adhésion des entreprises privées et publiques en leur proposant des contrats collectifs attrayants, alors que les contrats individuels se révèlent très coûteux. Cela fait que les salariés bénéficiant d’une assurance au sein de leur entreprise la perdent lorsqu’ils prennent leur retraite, à une période de leur vie où leurs besoins sont les plus importants en matière de santé. Sauf, bien sûr, si le montant de leur retraite leur permet de souscrire une assurance individuelle, ce qui, bien souvent, n’est pas le cas.

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