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Maurice

Le Chantier naval de l’océan Indien bat tous ses records

Guichet unique de la réparation navale dans l’océan Indien, le Chantier naval de l’océan Indien (CNOI) est devenu le passage obligé des navires de pêche dans cette partie du monde. Et il n’avait jamais connu une telle affluence…

Alors que le CNOI accueille en moyenne 16 navires de pêche par an, au 30 septembre 2023, il y en a eu 30 qui ont eu recours à ses services. Un record ! Et il y a encore des réservations pour le dernier trimestre de 2023. « C’est du jamais vu chez nous », se réjouit le capitaine Emmanuel Le Roy, directeur des opérations du chantier naval.

Les armateurs qui viennent y faire leurs escales techniques, dans la rade de Port-Louis, profitent ainsi pleinement des avantages que propose le chantier, mais aussi de la situation et des atouts du port et de Maurice en général : l’approvisionnement, les dessertes aériennes et maritimes et les facilités du Seafood Hub. « Tout le monde passe chez nous, sinon ils doivent aller à Dubaï », ajoute le capitaine Le Roy…

Créée en 2001 avec 25 salariés, l’entreprise en emploie aujourd’hui 500, dont 475 sont des Mauriciens. Par l’intermédiaire du groupe IBL, dont il est une filiale, le CNOI se situe au cœur d’une stratégie globale d’intégration autour du Seafood, avec des activités touchant aux bateaux, mais aussi la pêche, le stockage, la transformation du poisson et de ses coproduits.

Une activité très diversifiée

Le chantier a pour habitude d’accueillir des thoniers senneurs, palangriers et crevettiers avec des capacités de stockage entre 700 et 2 200 tonnes et d’une longueur variant entre 70 et 115 mètres. Ces navires de pêche sont français, australiens, mais aussi espagnols, seychellois, mauriciens et coréens… La proximité de Port-Louis avec les lieux de pêche les plus importants de l’océan Indien et de l’océan Antarctique est un atout de taille, de même que sa position stratégique sur le trajet de navires marchands navigant sur l’axe maritime entre l’Asie de l’Est et l’Afrique australe.

Avec l’afflux croissant de bateaux, des investissements d’environ un milliard de roupies (21 millions d’euros) ont été réalisés pour agrandir le chantier et le doter d’infrastructures hautement performantes. Le chantier s’étend sur 56 000 m², avec 370 mètres de quai, une cale sèche de 130 mètres de long et 27 mètres de large et un élévateur à bateau à sangles de 1 500 tonnes. Ce qui lui permet de voir plus grand, surtout lorsqu’on sait que la région océan Indien voit passer quelque 30 000 navires chaque année.

Le CNOI assure les réparations d’un grand nombre de navires différents : navires de services, tels que les remorqueurs et autres pilotines, mais aussi navires océanographiques, navires de surveillance (garde-côtes, douaniers…), navires cargos, porte-conteneurs, gaziers, pétroliers, ou encore navire à passagers, navires à grande vitesse et même des navires de plaisance… Depuis plusieurs années, le CNOI a signé un contrat avec la Marine nationale française pour l’entretien et la réparation de ses frégates basées à La Réunion.

Nul n’est prophète en son pays

Le CNOI est aussi un chantier de construction navale dont il est un leader dans la région et qui représente une part non négligeable de son activité. Depuis sa création, plus de 30 navires sont sortis de ses ateliers. Le CNOI a notamment produit un crevettier de 31,5 mètres pour l’Australie, des bacs amphidromes allant jusqu’à 67 mètres pour les liaisons inter-îles à Mayotte et Madagascar, et il a même livré un amphidrome pour la navigation fluviale en… Guyane !

Avec un tel pedigree, le CNOI devrait être le partenaire idéal de l’État mauricien et surtout des autorités portuaires de Port-Louis, pour la construction de ses bateaux. Or, en 20 ans, une seule réalisation est sortie du CNOI pour le compte de Maurice : une pilotine de 15 mètres. Avec le renouvellement de la flotte de remorqueurs de Port-Louis, le CNOI s’est positionné, mais ne semble pas avoir les faveurs des autorités, malgré les avantages évidents qu’il propose et, surtout, l’enjeu national que cela représente pour un port de construire ses propres navires sur place. Ainsi, même dans le milieu de la construction navale, nul n’est prophète en son pays, selon l’expression bien connue.