Le marché automobile : évolutions et révolutions
L’évolution de l’industrie automobile mondiale en cours depuis deux décennies a été marquée par des avancées technologiques majeures et une multiplication des acteurs.
Depuis les années 2010, l’industrie automobile a été témoin de transformations profondes, tant sur le plan technologique que sur le plan des modèles économiques. Dans les années 2010, le marché automobile était dominé par un groupe relativement restreint de constructeurs établis depuis longtemps, principalement concentrés en Amérique du Nord, en Europe et au Japon. Bien qu’il y ait eu quelques nouveaux arrivants et des marques de niche, le marché était caractérisé par un nombre limité de grands constructeurs.
Aujourd’hui, le paysage automobile est nettement plus diversifié. De nouvelles entreprises ont réussi à pénétrer le marché et à en prendre une part importante. Tesla, fondée en 2003, est devenue un acteur majeur dans le segment des véhicules électriques haut de gamme. Les constructeurs chinois comme BYD, Geely et NIO ont également gagné en importance sur leur marché intérieur et sur le marché international. Comment y sont- ils parvenus aussi rapidement ?
Il y a tout d’abord eu un changement de paradigme : celui de la prise en compte des enjeux environnementaux par les consommateurs, et l’arrivée sur le marché des véhicules électriques et hybrides. Ces nouveaux acteurs ont joué un rôle clé dans la popularisation des véhicules électriques, démontrant leur potentiel en termes de performances, d’autonomie et de fiabilité.
Le deuxième facteur-clé est celui de l’innovation. Les avancées technologiques ont révolutionné l’expérience automobile en proposant des fonctionnalités telles que la connectivité avancée, les systèmes de conduite autonome, la géolocalisation du véhicule, son intégration dans l’infrastructure urbaine et les services de mobilité partagée.
Transformation de la chaîne de production
Mais c’est la chaîne de production automobile qui a subi la transformation la plus radicale. Les nouveaux constructeurs, faisant table rase du passé, ont adopté des approches novatrices en matière de conception et de fabrication. En simplifiant les processus de production, en utilisant les technologies automatisées d’impression 3D ou de fabrication additive, ces acteurs ont pu réduire les coûts et accélérer drastiquement le développement de nouveaux modèles de véhicules. Au début de la décennie, les experts du secteur évaluaient à 30 000 le nombre moyen de pièces nécessaires pour fabriquer une voiture – un nombre qui avait peu changé depuis un siècle. Les Tesla comptent moins de 10 000 pièces, et Elon Musk vise à terme à réduire de 40 % le coût de production d’une automobile.
Plutôt que de concevoir des composants sur mesure pour chaque modèle de véhicule, les nouveaux entrants tendent également à privilégier la standardisation des composants, permettant d’utiliser les mêmes pièces sur plusieurs modèles de véhicules.
Enfin, ces nouveaux constructeurs ont adopté une approche d’intégration verticale en produisant un plus grand nombre de composants en interne plutôt que de les sous-traiter à des fournisseurs externes. Cela leur permet de mieux contrôler la qualité, de réduire les délais de production et de diminuer leur dépendance à l’égard des fournisseurs.
Avec cette révolution des modes de production, le nombre de constructeurs automobiles a explosé, passant d’une cinquantaine dans le monde en 2010 à près de 100 rien qu’en Chine aujourd’hui ! Il en a résulté une intensification de la concurrence, les nouveaux entrants adoptant des approches disruptives, remettant en question les modèles économiques établis et poussant les constructeurs historiques à s’adapter rapidement pour rester compétitifs.
Redistribution des cartes
Sous l’impulsion de l’innovation et des enjeux environnementaux, l’industrie automobile a donc connu une évolution significative qui redistribue les cartes du marché entre les acteurs historiques et les nouveaux entrants. Et demain ? Si la transition vers l’électrique et la mobilité partagée sont des évidences, d’autres tendances restent encore discrètes.
Comme pour les appareil électroniques au sens large, les consommateurs sont devenus plus exigeants en matière d’expérience utilisateur, recherchant des véhicules qui offrent des fonctionnalités avancées, une connectivité intégrée et une personnalisation accrue.
La digitalisation de la chaîne de valeur devrait s’intensifier, avec une augmentation de la vente en ligne de véhicules neufs et d’occasion. Tesla vend déjà ses véhicules et ses pièces en ligne. Les modèles de propriété des véhicules pourraient également évoluer, avec une augmentation de la location et de la souscription par rapport à l’achat traditionnel.
Les concessionnaires devront s’adapter à ces changements en offrant des expériences d’achat plus transparentes, tout en continuant à fournir un support physique et des services après-vente de qualité qui impliqueront la montée en compétence des équipes techniques. Des services novateurs sont encore à inventer, notamment en matière de maintenance prédictive et de personnalisation. Une chose est sûre : qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, la voiture reste un mode de déplacement incontournable à court-terme !
Rémi Voluer : Président du Groupe Phelen et délégué Outre-mer du syndicat Cinov Digital, Rémi Voluer a participé à la création de plusieurs dizaines de sociétés dans la high-tech et l’innovation. Depuis plus de 20 ans, il accompagne également les entreprises et les collectivités de l’océan Indien dans leur structuration et dans l’anticipation des changements liés aux nouvelles technologies.
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