Les véhicules électriques ne peuvent pas dépasser les bornes
Le Parlement européen a voté en février 2023 l’interdiction, sur le marché du neuf, de vendre des voitures et véhicules utilitaires légers émettant du CO2 à l’échappement à compter de 2035. À La Réunion, on commence à anticiper. Mais il reste à multiplier les bornes de recharge.
« Qu’il s’agisse des déplacements de personnes ou de marchandises, le secteur des transports est un des principaux contributeurs aux émissions polluantes (gaz à effet de serre, oxydes d’azote, particules fines…) », rapporte le Diagnostic énergie émissions des mobilités (DEEM), effectué dans le cadre de la grande enquête déplacements de 2016. Il y apparaît que 34 % des émissions totales de CO2 proviennent des voitures, des deux-roues et des poids lourds. Pour l’oxyde d’azote, ces derniers sont à l’origine dans 44 % des cas.
Et la voiture est particulièrement pointée du doigt. « La voiture est le principal mode consommateur d’énergie et contributeur de pollution, dans des proportions qui dépassent la place qu’elle occupe dans les déplacements », accuse le diagnostic. Ainsi, pour 66 % des déplacements effectués et 85 % des kilomètres parcourus, la voiture génère 92 % des gaz à effet de serre. Quand les transports collectifs n’en représentent que 6 % pour 9 % des kilomètres parcourus. Les trajets en voiture pour le motif travail sont les contributeurs majoritaires, avec plus de 40 % des émissions de gaz à effet de serre. En effet, s’ils ne constituent que 19 % des déplacements, ils rassemblent 31 % des kilomètres parcourus. Enfin, les déplacements en voiture de 10 km ou plus occasionnent 66 % des émissions de gaz à effet de serre, alors qu’il s’agit de 20 % des déplacements à peine.
Pour réduire l’impact environnemental des transports, la France et l’Europe ont donc fait le choix de s’engager pour le développement de la mobilité électrique. Selon les données ministérielles, un véhicule électrique émet deux à six fois moins de CO2 sur l’ensemble du cycle de vie du véhicule, et 80 % des composants des batteries lithium sont déjà recyclables. En 2016, les véhicules électriques, associés aux véhicules hybrides et au gaz, atteignaient péniblement 1 % du parc automobile réunionnais. « Particuliers, flottes d’entreprise ou de collectivité, tout compris, le total des véhicules 100 % électriques et des hybrides rechargeables dépasse aujourd’hui les 11 000 unités à La Réunion. Cela paraît peu, mais leur nombre était d’environ 3 000 voilà deux ans seulement. La tendance est forte », affirme Fabien Fauchard, le président de l’association Avere Réunion. Depuis sa création en 2022, celle-ci promeut la mobilité électrique et fédère les acteurs concernés (essentiellement publics).
Cinq années pour 1 700 bornes
Des acteurs au rang desquels figure le Syndicat intercommunal d’électricité de La Réunion (Sidelec). Cet établissement public, chargé de redistribuer de manière cohérente l’électricité dans les communes de l’île, a présenté en mai 2023 le lancement des études pour son schéma départemental de recharge de véhicules électriques. L’occasion pour ses membres de confirmer la tendance avancée par Fabien Fauchard : actuellement, 10 % des véhicules neufs immatriculés à La Réunion seraient des véhicules électriques. Mais cette croissance du parc de véhicules électriques et rechargeables nécessite la construction de nouvelles bornes de recharge. C’est la raison d’être du schéma départemental porté par le Sidelec. Son objectif ? Installer 1 700 bornes de recharge partout à La Réunion d’ici à 2028. « Il y en aura partout et surtout dans les Hauts car, aujourd’hui, la plupart des bornes de recharge sont dans les bas », avait précisé lors de la présentation Maurice Gironcel, le président du Sidelec. L’île ne recensait que 129 points de recharge fonctionnels au premier trimestre 2023, auxquels il fallait ajouter près de 200 bornes privées.
« Le projet a du sens car l’achat d’une voiture électrique est conditionné par le réseau de recharges. Mais attention à son dimensionnement technique, prévient le président d’Avere Réunion. Les études menées dans l’Hexagone montrent que la recharge s’effectue dans 90 % des cas à domicile ou au travail. Le jour où chaque parking individuel disposera de sa propre borne, les bornes en accès public ne seront utiles que pour des recharges occasionnelles et souvent assurantielles. Or ce futur pourrait se dessiner beaucoup plus vite que prévu, puisque la loi a évolué récemment. Elle prévoit désormais que le préfinancement du raccordement du résidentiel collectif soit pris en charge par EDF Réunion, et non par les copropriétés comme c’était le cas jusqu’alors. Cela change toute la donne ! » Une donne à 300 000 euros tout de même pour le Sidelec.
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