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Monde

Mayotte est-elle vraiment française ?

L’entretien de plus de deux heures accordé par Vladimir Poutine au journaliste américain Tucker Carlson aurait atteint des records d’audience sur X (anciennement Twitter) avec plus de 170 millions de vues. À part Donald Trump, on se demande qui pourrait rivaliser avec le dirigeant russe qui s’est livré à une belle leçon d’histoire. De quoi donner des sueurs froides au parti démocrate américain qui n’a qu’un vieillard sénile, Joe Biden, à opposer à Donald Trump lors des prochaines élections présidentielles américaines. Aux dernières nouvelles, l’alternative pour les Démocrates serait de mettre en scène Michelle Obama, l’épouse de l’ancien président. Un scénario qui semble assez risqué.

Ce douteux Zelensky

Dans ce contexte, on peut se demander pourquoi Vladimir Poutine, assuré d’une victoire lors de l’élection présidentielle en Russie, aurait eu intérêt à organiser en prison la mort d’Alexeï Navalny. On a vraiment l’impression d’être pris pour des imbéciles. C’est pourtant la thèse entretenue par les gouvernements d’Europe de l’Ouest, avec la complicité de la presse grand public et en instrumentalisant l’épouse de l’opposant, Loulia Navalnaïa. Une veuve éplorée qui pointe son doigt vers Vladimir Poutine, c’est percutant alors que nous vivons sous la dictature de l’émotion. Les milliards d’euros en armement livré au plus que douteux Zelensky ne suffisant pas, visiblement, à l’emporter sur la Russie, il faut bien trouver d’autres armes. Mais nous ne sommes pas en 1960 et cela ne marche pas vraiment dans le reste du monde. Enfin, si déjà ça peut passer en Europe de l’Ouest, c’est bien pour les gouvernants puisque ce sont leurs contribuables qui paient les largesses en faveur de Zelensky.

En parlant d’imbéciles, les prestations du nouveau ministre français de l’Europe et des Affaire étrangères, Stéphane Séjourné, ont de quoi nous interpeller. Outre le fait qu’il ait été en couple avec Gabriel Attal, actuellement Premier ministre de la France, sa maîtrise très approximative de la langue française nous laisse pantois. La question est de savoir si l’on peut déposer plainte devant l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Mais c’est une boutade bien sûr ! L’OIF doit prendre en considération ses contributeurs financiers.

« French Bashing »

En tout cas, imaginons Stéphane Séjourné intervenir en Afrique, face à des dirigeants dont le pays considère que l’homosexualité est un crime passible de peines de prison. Dans le contexte actuel de « French Bashing », cela signifie donner des bâtons pour se faire battre. La question n’est pas de dénier à chacun le droit de vivre comme il veut dans le cadre français, mais de comprendre que le reste du monde ne voit pas forcément les choses comme nous. Il est vrai que certains occidentaux pensent encore qu’ils ont pour mission d’apporter la lumière aux pays « archaïques ». Bernard Lugan, chroniqueur régulier de notre magazine, montre très bien, dans ce numéro, comment les grandes figures du progressisme et de la gauche française ont soutenu, au XIXe siècle et au début du XXe, la colonisation dans le but d’imposer les Lumières. Au bout du compte, la France a dépensé beaucoup d’argent pour ses colonies et, contrairement aux idées reçues, n’en a pas tiré grand profit.

Dans ce même numéro, et en parallèle avec la chronique de Bernard Lugan, un décryptage historique sur Mayotte devrait faire grincer quelques dents. Mais je pense qu’il faut regarder les choses en face. Pendant des décennies, les dirigeants politiques mahorais ont réclamé le statut de département français pour éviter tout risque de retourner dans le giron comorien. Ce qui d’ailleurs était une illusion, comme le montre l’exemple de l’Algérie qui comptait trois départements français avant de devenir indépendante. Pour Mayotte, considérée comme comorienne par la communauté internationale, on assistera au même parcours. Ce n’est qu’une question de temps, il faut juste espérer que cela se passe avec moins de violences qu’en Algérie.

Un spectacle surréaliste

En attendant, Mayotte se développe à grande vitesse grâce aux fonds de la France et de l’Union européenne. Le plus étonnant, en effet, c’est que l’Union européenne a reconnu de facto le statut de département français de Mayotte en lui accordant celui de région ultrapériphérique (RUP). Cela signifie de gros avantages comme des aides directes de la collectivité locale aux entreprises. Espérons seulement que ces fonds seront mieux gérés que ceux qui étaient destinés à l’approvisionnement en eau potable, le problème numéro un étant aujourd’hui cette pénurie d’eau. La conséquence, c’est maintenant une menace de choléra. Le spectacle auquel on assiste semble surréaliste : la menace du choléra, des coupeurs de route comme en RDC, la moitié de la population constituée de migrants clandestins et, dans le même temps, des chantiers de construction, des entreprises réunionnaises qui réalisent une bonne part de leur chiffre d’affaires à Mayotte… Au final, la France (accompagnée par l’Union européenne) aura dépensé beaucoup d’argent, comme en Algérie et à Madagascar, pour se séparer tôt ou tard d’un territoire qui n’a pas vocation à rester français.

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