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Maurice

RÉMY MABILLON, « CHAIRMAN » DE NECKER FINANCE : “Notre scénario central ne prévoit pas de récession”

L’Éco austral : Comment analysez-vous le contexte économique et géopolitique mondial et ses perspectives ?
Rémy Mabillon : Sur le plan économique, l’inflation devrait continuer de refluer en 2024 aussi bien en zone euro qu’aux États-Unis. La baisse des taux longs en euro et dollar, qui conditionne l’évolution des marchés obligataires, devrait donc se poursuivre mais à un rythme un peu plus lent que celui de la fin 2023.

S’agissant des taux courts, les banques centrales, qui ont déjà atténué leurs discours, ne devraient pas baisser les taux avant le deuxième semestre 2024. Cela dépendra également des taux de croissance qui seront enregistrés au long de cette année.

Notre scénario central ne prévoit pas de récession. Le contexte continuera d’être favorable aux différentes classes d’actifs, obligations et actions et, sauf accident toujours possible, nous devrions connaitre une année 2024 positive sur les marchés financiers.

Sur le plan géopolitique, en revanche, le moins que l’on puisse dire est que le monde traverse, probablement, la période d’instabilité la plus forte depuis la fin de la guerre froide.

Ceci nous conduit à rester prudents dans nos allocations d’actifs.

Peut-on identifier des opportunités d’investissement, dans quels types de produits et dans quelles parties du monde ?

La prudence dans nos allocations, que je viens d’évoquer, ainsi que la poursuite de la baisse des taux nous amènent tout naturellement à privilégier les obligations de durée de vie moyenne et longue (5 à 10 ans), émises par des entreprises de très belle qualité. En effet, nous préférons les obligations notées dans la catégorie « Investment Grade » (mini BBB) plutôt que les émetteurs High Yield.

Le très faible risque de défaut, la recherche de qualité par les investisseurs et la baisse des taux leurs seront très favorables. Le réflexe naturel de certains clients privés est de profiter des taux plus élevés pour céder aux avances de leur banquier et de placer leurs capitaux sur des dépôts à terme, bien souvent pour un an.
Or il est plus que probable que ces dépôts à terme soient renouvelés dans un an à un taux beaucoup moins élevé. C’est la raison pour laquelle nous préférons les obligations à 5-7 ans, qui permettront à l’investisseur de se garantir des taux élevés pendant cinq à sept fois plus longtemps.

Bien sûr, nous n’excluons pas d’investir dans des actions bien sélectionnées et, pour être un peu contrariants, des micro caps (surtout via des fonds spécialisés) très décotées, qui recèlent les mêmes potentiels que des fonds de Private Equity, avec la liquidité en plus.

Traditionnellement, les gestionnaires de patrimoine prônaient une diversification pour « ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier ». Certains ne sont plus d’accord avec ce principe. Qu’en pensez-vous ?

Notre point de vue à ce sujet est assez médian. En effet, un gérant doit proposer à ses clients une gestion de conviction et ne pas hésiter à surpondérer parfois ses titres préférés.

Néanmoins, diversifier un portefeuille fait aussi partie de nos règles de bon sens et de celles que peuvent nous imposer les régulateurs.

Idéalement, un portefeuille composé de titres en direct doit comporter une vingtaine de lignes et cinq à huit s’il est composé de fonds, eux même diversifiés.

En résumé, diversifier un portefeuille ne doit pas être synonyme de dispersion.

On dit que plus la prise de risque est importante, plus le gain peut être important. Est-ce qu’il existe un juste équilibre  ? Quels conseils pouvez-vous donner ?

À long terme, on peut encore dire que le risque doit payer, mais notre travail consiste justement à trouver en permanence la bonne adéquation entre le risque pris et le potentiel de gains. Il est également primordial de ne pas faire prendre de risque à un client qui ne doit ou ne peut pas l’assumer. D’où l’importance des premiers rendez-vous avec un nouveau client qui doivent permettre au gérant de bien cerner son profil.

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