PLAN DE MOBILITÉ EMPLOYEUR (PDME) : Un bon plan pour les entreprises
Soumises à une obligation légale, les plus grosses entreprises réunionnaises font appel à des consultants spécialisés pour établir leur Plan de mobilité employeur (PDME). Malgré son coût, l’investissement s’annonce à terme très rentable.
Nombreux sont les chefs d’entreprise à ignorer, si ce n’est l’obligation légale, l’intérêt que revêt le Plan de mobilité employeur (PDME), anciennement appelé Plan de déplacements d’entreprise (PDE). Car il s’agit bien ici d’un véritable projet d’entreprise, puisque le PDME constitue une opportunité d’optimiser les flux liés à l’activité, de limiter l’impact environnemental et d’améliorer le bien-être des salariés.
Ouvert à toutes les entreprises, mais rendu obligatoire pour les entreprises de 50 salariés au moins sur un même site depuis la Loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019, le PDME est un ensemble de mesures visant à optimiser et augmenter l’efficacité des déplacements des salariés d’une entreprise. L’idée est de changer les habitudes sur les trajets domicile-travail et de favoriser l’usage des modes de transport alternatifs à la voiture individuelle : promotion du vélo, cheminement piéton, aménagement des horaires de travail, télétravail, coworking à distance, navettes, incitation à utiliser les transports en commun, forfait mobilité durable, autopartage, covoiturage… Le plan englobe également les déplacements inter-sites, les clients, les visiteurs et les fournisseurs. La palette de solutions envisageables est vaste, et le diagnostic nécessite la plupart du temps la mise en place d’une équipe projet, l’accompagnement d’acteurs publics (Syndicat Île de La Réunion mobilités et Ademe) ou l’intervention d’un prestataire spécialisé. À La Réunion, Cirkul et Isodom sont ainsi régulièrement sollicités par les entreprises locales.
De nombreux bénéfices
« Nous avons réalisé deux PDME et un PDE, et nous sommes en contact avec plusieurs clients locaux pour des demandes de PDME », annonce Caroline Lesage, consultante RSE chez Isodom. Chez Cirkul, trois PDME ont été finalisés, dont ceux de Brasseries de Bourbon et de Zeop. « Pour chaque plan, c’est de quatre à six mois de travail. L’état des lieux est effectué sur la totalité des salariés du site (qui, pour presque 100 %, viennent en voiture individuelle…) et le plan d’action est préparé en fonction des attentes et des contraintes individuelles comme collectives », explique Thomas Willemse, chargé de projet mobilité chez Cirkul. Pour un PDME exhaustif, il faut compter entre 10 000 et 12 000 euros. Un investissement plus qu’une dépense tant les bénéfices attachés à un PDME semblent nombreux.
« Une réflexion globale sur les déplacements permet de dégager du pouvoir d’achat pour le salarié, de diminuer son stress, d’améliorer sa productivité ou encore d’économiser sur le foncier nécessaire au parking d’entreprise », analyse Yahia Hajji, le fondateur de l’application de covoiturage Noula, qui entend à terme se diversifier en proposant du conseil mobilité aux entreprises. Un document du Syndicat Île de La Réunion mobilités et de l’Ademe va dans le même sens. Grâce à son PDME, l’entreprise améliore les conditions d’accès de ses collaborateurs, améliore le bien-être des employés, gagne en productivité, participe à une démarche citoyenne et valorise son image. Sans parler des économies réalisées sur les déplacements et sur la surface dédiée au stationnement. Selon le guide PDE Île-de-France, une place de stationnement de 25 m² coûterait plus de 20 000 euros à l’entreprise. Quant au salarié, il réduit ses frais (une enquête Insee de 2011 rapportait que le transport est le premier poste de dépenses des ménages réunionnais avec 340 euros par mois en moyenne, dont 80 % liés à la voiture), son temps de trajet, son stress, tout en participant à un projet fédérateur.
À l’issue des préconisations établies par Cirkul, Zeop a décidé de déployer un plan d’actions jusqu’à fin 2024. Le conseil d’administration a établi des priorités, notamment la promotion du covoiturage (créer une communauté Zeop Rundrive, places de parkings prioritaires, challenges…) et la mise en place de stations-vélos sur les deux sites portois. « Deux stations et cinq vélos électriques en libre-service permettent aux collaborateurs de circuler d’un site à l’autre, mais également d’aller déjeuner ensemble de manière conviviale. De quoi renforcer leur santé et leur esprit d’équipe ! », se félicite Emmanuel André, le directeur général de Zeop. Pour renforcer la pratique du vélo et de la trottinette, des aides financières à l’achat sont également proposées. Parmi les autres axes du PDME, le télétravail est rendu possible deux jours par semaine, et trois sites délocalisés dits satellites (Saint-Benoît, Beauséjour, Saint-Pierre) permettent aux salariés les plus éloignés de travailler à distance de manière collaborative. « Nous travaillons en collaboration avec les agglomérations pour proposer un réseau de transports en commun et de pistes cyclables adapté, et améliorer les cheminements piétons aux abords des sites », annonce le directeur général de Zeop.
Une espèce de partenariat public-privé pour lequel prêche d’ailleurs Didier Fauchard, le président du Medef Réunion : « C’est en mettant l’ingénierie et les compétences des collectivités au service des entreprises, notamment des TPE-PME, que celles-ci pourront enclencher une politique interne susceptible d’optimiser les déplacements. » L’ambition semble donc de faire en sorte que tous les acteurs concernés tirent ensemble dans le même sens. Car, isolément comme mis bout à bout, les PDME contribuent à réduire la congestion des routes, à optimiser l’utilisation des lignes de transports en commun et à maintenir ainsi l’attractivité du territoire. Entreprise, salarié, collectivité, au final, le deal du PDME semble bel et bien gagnant-gagnant-gagnant.
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