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Sapmer : l’énigme de la vente

Sapmer restera un armement français et réunionnais. Jacques de Chateauvieux est parvenu à convaincre « des institutions, des entrepreneurs et des familles réunionnaises » de participer à une augmentation du capital de la plus vieille entreprise de pêche de La Réunion pour éviter qu’elle ne soit vendue « par appartements » ; à savoir bateau par bateau, à des concurrents directs ou à des intérêts plus lointains.

Cette preuve de confiance a sans doute été déterminante dans la réussite d’un rétablissement acrobatique : la vente de Sapmer SA par la famille de Chateauvieux… à la famille de Chateauvieux. Plus précisément par Jaccar Holdings à la holding, également familiale qui la chapeaute : Cana Tera. L’opération a forcément reçu l’aval de Philippe Soulié, qui a remplacé Jacques de Chateauvieux à la présidence de Jaccar en 2021 pour exécuter le plan de sauvegarde de cette dernière, et de la banque suisse UBS qui pilote ce plan.

Les nouveaux actionnaires seront présentés dans les prochaines semaines, après le conseil d’administration qui validera leur entrée au capital. Le montant de la transaction entre Jaccar et Cana Tera reste un secret bien gardé. L’intérêt des créanciers de Jaccar était de vendre Sapmer le plus cher possible. Celui de Cana Tera était de payer le moins possible pour acquérir l’armement, très endetté et à la flotte vieillissante. La famille de Chateauvieux est propriétaire des deux holdings. Face à une situation aussi originale, diverses hypothèses peuvent être formulées. Le stratège Jacques de Chateauvieux a-t-il voulu trouver un terrain d’entente apaisant pour ses créanciers et accepté de payer un prix relativement fort pour Sapmer, en puisant dans le patrimoine familial ? Ou au contraire a-t-il convaincu tout le monde – y compris l’État, désireux de réindustrialiser la France – que l’armement ne trouverait pas de repreneur extérieur valable et que la meilleure solution était de le céder à des investisseurs locaux de bonne volonté, même à bas prix ?