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Réunion

Valorisation énergétique des déchets : démarrage en 2024

Les déchets réunionnais commenceront à fournir de l’électricité en 2024. À Pierrefonds, au sein du pôle multi-filières Run’eva, et, si la Commission de régulation de l’énergie (CRE) donne son feu vert, dans une nouvelle tranche de la centrale thermique de Bois-Rouge.

Après quelques bras de fer politiques tendus, où la question du traitement des déchets servait de paravent à des causes moins avouables, les intercommunalités réunionnaises ont fini par se décider. Les déchets non recyclables et non dangereux seront transformés en compost ou conditionnés pour produire de l’énergie. Il y a deux ans, le syndicat mixte Ileva – créé par les intercommunalités de l’Ouest et du Sud (TCO, Casud et Civis) – a attribué à un groupement conduit par CNIM la conception, la réalisation et l’exploitation pendant dix ans d’un pôle multi-filières de traitement des déchets. Baptisé Run’eva, sa première pierre a été posée le 10 septembre dernier sur la zone de Pierrefonds, à proximité immédiate du site d’enfouissement bordant la rivière Saint-Etienne.  Montant de l’investissement, dans le cadre d’un marché global de performance : 220 millions d’euros, dont 37 millions de subventions de l’Ademe et du Feder. Aux côtés de l’ensemblier CNIM, le groupe hollandais Bollegraaf assurera le tri des déchets et la préparation du combustible solide de récupération qui alimentera l’unité de valorisation énergétique, d’une puissance de 18 mégawatts. Une unité de méthanisation est prévue en parallèle. La mise en exploitation de Run’eva est programmée pour 2024. Il ne mettra pas un terme à l’enfouissement, puisqu’il produira également des déchets ultimes ; ce mâchefer et ces cendres représenteront une masse six fois moindre que celle actuellement enfouie (230 000 tonnes par an). 

 

Illustration d’Architrav Architectes : le futur pôle Run’eva, sur la zone  de Pierrefonds.   ©Ileva/CNIM/
 

Nord-Est : la solution Albioma

De l’autre côté de l’île, les intercommunalités du Nord et de l’Est ont confié la gestion des déchets au Sydne (Syndicat mixte de traitement des déchets du Nord et de l’Est). Sur fond de querelles politiques et de contentieux divers et variés, le projet Inovest de Suez RV Réunion a fini par remporter le marché de création et d’exploitation d’un centre de valorisation multi-filières. Contrairement au schéma sudiste, l’investissement – 82 millions d’euros – est intégralement porté par Suez. L’infrastructure de tri est opérationnelle depuis 2021 et la fabrication du Combustible solide de récupération (CSR) a commencé. Problème : ce CSR est actuellement enfoui, faute de solution locale de valorisation énergétique. « Nous avons recherché des débouchés à l’exportation, explique Franck Perez, directeur de l’agence réunionnaise de Suez. Nous savons notamment fabriquer un CSR avec un pouvoir calorifique correspondant aux besoins de l’industrie cimentière. Nous avions des contacts avancés avec des cimenteries d’Égypte, d’Inde et du Pakistan quand la crise sanitaire est arrivée. La demande de ciment s’est effondrée. Puis la reprise économique s’est traduite par une déstabilisation du trafic maritime : si nous avions trouvé un exutoire à l’export, nous aurions bien du mal aujourd’hui à expédier 70 conteneurs de combustible chaque mois. »
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) étudie actuellement le plan B proposé par le Sydne et Suez : la valorisation des 70 000 tonnes de CSR qui seront produites annuellement par Inovest dans une nouvelle tranche de la centrale thermique de Bois- Rouge. Elle verrait le jour sur l’emplacement des installations dédiées au charbon, appelées à disparaître. « Les 70 000 tonnes de CSR peuvent remplacer 65 000 tonnes de pellets, estime Pascal Langeron, directeur général adjoint d’Albioma. Pour tenir l’objectif d’un démarrage opérationnel mi-2024, il faudrait que la CRE, à laquelle on demande de compenser nos coûts d’investissement et d’achat du CSR, donne son feu vert début 2022. »