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Maurice

La silver économie va-t-elle favoriser l’essor du tourisme médical ?

Avec le vieillissement des populations à l’échelle mondiale, les besoins en santé explosent et le tourisme médical en profite. Certains acteurs mauriciens sont déjà positionnés, mais on ne peut pas encore parler d’un secteur économique.

« La destination a tous les atouts pour devenir un centre d'excellence, à condition de cibler des marchés de niche. » Gérard Guidi sait de quoi il parle. Avec son centre esthétique de l'océan Indien (CEOI), il est un pionnier du tourisme médical où il a commencé avec la greffe de cheveux avant d’élargir à d’autres soins esthétiques. En dix-sept années de présence à Maurice, ce Français a appliqué ses bonnes vieilles méthodes de rugbyman à une équipe soudée et performante. Résultat : une référence mondiale qui attire chaque année toujours plus de clients venant de tous les horizons géographiques et sociaux. « En 2017, nous sommes intervenus auprès de 32 nationalités différentes de différents niveaux sociaux… » Ce qui représente plus de 2 200 patients. De quoi réaliser un chiffre d’affaire de 224 millions de roupies (5,6 millions d’euros). Pour lui, tout est une question d'accueil et d'empathie car l'intervention chirurgicale n'est qu'une des étapes. « Le client est considéré dans sa globalité, il vient ici pour une intervention physique, mais nous sommes aussi à son écoute et il peut loger ici dans un environnement paradisiaque où il en sort complétement changé… Aussi, je suis pour que la concurrence s'installe, mais à condition de faire du bon boulot. Cela fera rayonner encore mieux Maurice et nous serons tous gagnants. » Ce bouillonnant entrepreneur, jamais à court d’idées, reste confiant sur le développement du tourisme médical à Maurice. « Il y a tellement d'autres créneaux à développer ici ! » Mais il n'en dira pas plus… pour le moment.
 

Avec son centre esthétique de l'océan Indien (CEOI), Gérard Guidi est un pionnier du tourisme médical où il a commencé avec la greffe de cheveux avant d’élargir à d’autres soins esthétiques.
Avec son centre esthétique de l'océan Indien (CEOI), Gérard Guidi est un pionnier du tourisme médical où il a commencé avec la greffe de cheveux avant d’élargir à d’autres soins esthétiques.  Jacques Rombi
 

 

UNE FRANCHISE POUR LA GREFFE CAPILLAIRE

Récemment arrivé sur le marché, Zouberr Joomaye exploite la franchise DHI (Direct Hair Implantation) au sein de la polyclinique de l'ouest dirigée par son épouse Shaheen Jaulim Joomaye. Ils ont investi environ 300 000 euros pour cette franchise et emploient directement 12 personnes. À terme, l'implantation d'un laboratoire est prévue localement pour un investissement avoisinant le million de dollars. La clinique pourrait alors traiter jusqu'à 600 clients par an.
Si l'activité de Gérard Guidi est tournée vers l'export, c'est plutôt l'inverse chez Zouberr Joomaye. « La croissance est de 100% en glissement annuel et nous avons traité une cinquantaine de greffes cette année. Notre clientèle est étrangère à 25% environ. » Mais il est convaincu que le tourisme médical devrait bien se développer car tous les atouts sont réunis. « Les infrastructures du pays, la sécurité et la mise en confiance du patient sont primordiales sur ce segment d'activité. » Interrogé lui aussi sur les innovations à développer dans le pays, le docteur, qui est par ailleurs député de la treizième circonscription, se montre très enthousiaste. « Nous avons déjà développé des traitements de la peau avec la radio fréquence et nous travaillons actuellement à la mise en place de traitements à base de cellules souches, mais aussi de Botox pour le rajeunissement de la peau. Mais surtout, nous développons le concept du I.V. SPA. Cette technique innovante permet, à base d'intraveineuses d'antioxydants, un bon drainage de la peau. »
 

Le Dr. Zouberr Joomaye (à gauche) avec deux collaborateurs. Il exploite la franchise DHI (Direct Hair Implantation) au sein de la polyclinique de l'ouest dirigée par son épouse Shaheen Jaulim Joomaye. Les patients de l’étranger ne fournissent encore que 25% de son activité, mais il entend développer ce segment de marché.
Le Dr. Zouberr Joomaye (à gauche) avec deux collaborateurs. Il exploite la franchise DHI (Direct Hair Implantation) au sein de la polyclinique de l'ouest dirigée par son épouse Shaheen Jaulim Joomaye. Les patients de l’étranger ne fournissent encore que 25% de son activité, mais il entend développer ce segment de marché.   DR
 

 

LA POPULATION MAURICIENNE CŒUR DE CIBLE DE CIEL HEALTHCARE

Le groupe Ciel a commencé à développer un pôle santé dès 2008 et cette activité se trouve aujourd'hui en pleine croissance avec l'exploitation de la clinique Fortis Darné à Floréal, qui dispose d’une antenne à Grand Baie, et de Wellkin Hospital à Moka.
« Pour l'heure, nous n'avons pas de pôle gérontologie bien spécifique, mais nous suivons de près le vieillissement de la population mauricienne qui reste notre cœur de cible », explique Hélène Echevin, Chief Officer Operational Excellence. Pour ce groupe, qui se développe en Afrique avec la gestion de trois hôpitaux au Nigéria et la prise de participation dans un autre en Ouganda, l'idée est de proposer un plateau technique de grande qualité aussi bien à Maurice qu'à l'extérieur. « Environ 50% de la clientèle de Wellkin est non assurée, ce qui signifie que notre plateau technique attire beaucoup de gens qui le préfèrent aux établissements publics qui sont gratuits. » Mais la clientèle non résidente à Maurice demeure encore peu nombreuse. Quelque 1 500 patients par an, selon Matthieu Razé, Head of Communications de Ciel Ltd, ce qui ne représente que 5%. Pourtant, les établissements mauriciens du groupe disposent des derniers outils et d'un staff de1 300 professionnels. Le partenariat avec le groupe indien Fortis permet de profiter d'échanges de ressources humaines et de transferts de savoir-faire. En outre, Ciel Heathcare propose les services de deux chirurgiens esthétiques qui peuvent pratiquer tous types d'intervention hormis les implants capillaires (mais il est vrai que la place est déjà bien occupée par le CEOI et DHI). Le groupe est déjà organisé en matière de tourisme médical. Il dispose de deux équipes dédiées à l'accueil et la prise en charge de patients étrangers dès leur arrivée à l’aéroport et pour leur retour. 

LA CHIRURGIE CARDIAQUE CITÉE EN EXEMPLE

« Nous disposons de certains atouts qui vont permettre le développement d'un tourisme médical. Je pense en particulier à la chirurgie cardiaque qui est d'un très bon niveau ici, souligne Anil Gayan, ministre du Tourisme. Nous intéressons de plus en plus nos voisins des îles de l'océan Indien mais aussi de l'Inde car, là-bas, les délais sont souvent très longs avant une intervention. » Le ministre précise également que, dans le cadre du renforcement de la coopération avec les Comores, Maurice finance chaque année des interventions sur 100 patients en provenance de ce pays. Il indique enfin travailler à la promotion d’un combiné « hôtel-hôpital » à travers lequel plusieurs formules seraient proposées pour différents budgets.